La souffrance des deux côtés du guichet

Confrontés à un manque criant d’effectifs, les agents de Pôle emploi sont sous pression. Quant aux demandeurs d’emploi, ils subissent des attentes insupportables. Une situation explosive.

Pauline Graulle  • 9 avril 2009 abonné·es

Le gouvernement a bien été obligé de lâcher un peu de lest. Après des mois de mobilisation, les syndicats de Pôle emploi ont obtenu la promesse de 1 840 recrutements pour affronter la tourmente. Un bien maigre renfort. « C’est une goutte d’eau face à l’ampleur de la situation ! Il faudrait embaucher au moins 15 000 personnes » , estime Catherine Madec, du SNU Pôle emploi. Car le nouvel organisme est au bord de la crise de nerfs : entre une fusion bâclée (entre les ex-ANPE et les ex-Assedic) et la flambée du chômage, le malaise est tangible. Depuis le début de l’année, on compte déjà deux suicides d’employés, dont un sur le lieu de travail. D’autre part, les agents font état d’une montée en puissance de l’agressivité des demandeurs d’emploi, baladés du numéro de téléphone inopérant en réunions collectives.

Au moins 40 000 personnes attendent depuis deux ou trois mois de savoir si elles toucheront, ou non, une indemnisation. Quant aux personnes dont on sait qu’elles ne seront pas indemnisées, elles ne sont même plus reçues en entretien. « Sur certains sites, la qualité de l’accueil est catastrophique. D’autant qu’avec la crise nous recevons un nouveau public : des personnes qui ont travaillé trente ans et n’ont jamais connu le fonctionnement de l’ANPE » , poursuit Catherine Madec. La convention tripartie qui vient d’être signée par l’État, Pôle emploi et l’Unedic a mis le feu aux poudres : parmi les « indicateurs de performance » à atteindre, le recensement de 4,5 millions d’offres d’emplois en 2011 et la diminution du nombre moyen de demandeurs d’emplois suivi par conseiller. Une paille !
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