Droite éternelle et novlangue libérale

Le congrès du Parti populaire européen, réuni la semaine dernière à Varsovie, a adopté un programme électoral d’inspiration très libérale et sécuritaire qui est aussi celui de l’UMP.

Michel Soudais  • 7 mai 2009 abonné·es
Droite éternelle et novlangue libérale

Le Parti populaire européen (PPE) entend ne rien changer aux politiques européennes actuelles. À l’issue de son congrès, qui s’est tenu les 29 et 30 avril à Varsovie, ce parti à la tête du plus important groupe au Parlement européen (288 députés sur 785) a décidé de « proposer un deuxième mandat à l’actuel président de la Commission européenne, José Manuel Barroso » . Avec l’appui de l’UMP, qui en est membre, le PPE a aussi adopté son programme électoral.
En 38 pages, disponible uniquement en anglais, celui-ci formule de nombreuses propositions libérales, sécuritaires et atlantistes, que ne reprend pas forcément la version allégée (4 pages) mais traduite en français de ce « manifeste ».

« Nous ne pouvons pas laisser le secteur financier rafler les bénéfices alors que les citoyens seraient tenus de supporter les pertes » , affirme la version soft tout en précisant que le PPE ne songe pas à se « rallier au socialisme » . Il est ainsi question pour créer de nouveaux emplois de « poursuivre les réformes, investir dans l’éducation »  ; ou pour éviter une récession économique globale de « mieux coordonner les politiques fiscales ».

Sur ce dernier point, la version hard précise qu’il faut «  alléger la charge fiscale globale en Europe » , étant entendu que « les systèmes fiscaux doivent être réformés pour rendre les pays plus attractifs aux capitaux et aux talents » afin de parvenir «  à une convergence des systèmes fiscaux » qui ne pourrait donc se faire que par le bas. La version soft est en revanche suffisamment explicite quand elle prône de favoriser « chez les seniors l’emploi, l’esprit d’entreprise et les activités bénévoles »  ; il s’agit bien d’ « adapter l’âge effectif du départ à la retraite aux changements démographiques » . En clair (version hard), il s’agit de « favoriser la participation des personnes d’au moins 65 ans dans le tissu économique et social » en la présentant « comme une opportunité et non une contrainte ». Le PPE veut aussi « favoriser le recours à des systèmes de pension privés » . Comme il estime « nécessaire » , en matière d’Éducation, « d’explorer de nouvelles formes de coopération avantageuses avec le secteur privé ».

Désireux de faire de l’Europe « un lieu plus sûr » , le PPE a pour « première priorité » la lutte contre le terrorisme, « en particulier de type djihadiste totalitaire » . Il souhaite une plus grande « coordination » dans la « lutte contre l’immigration illégale » (version soft ) et la « mise en œuvre » de « la préférence européenne » sur le marché de l’emploi (version hard ).
Autre exemple : quand la version soft veut unir l’Europe sur la scène mondiale par un renforcement de «  la coopération en matière de défense » , « y compris par un accord stratégique avec les États-Unis et d’autres alliés » , la version hard précise que la « première priorité » de la politique étrangère du PPE est de « développer une relation transatlantique solide et profondément enracinée » pour diffuser les « valeurs démocratiques » et « éradiquer le terrorisme fondamentaliste » notamment, et mettre en place « un marché transatlantique efficace et compétitif d’ici à 2015 » . Bref, défendre ce qu’une brochure du groupe PPE appelle « les valeurs communes de l’Occident ».

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