Le temps de la colère

Les salariés licenciés sont d’autant plus révoltés qu’ils ont tout fait pour sauver leur outil de travail. Ceux de l’usine Kléber, à Toul, constatent amèrement que les promesses de reclassement n’ont rien donné.
Un chômeur, un RMiste, un jeune en galère sont-ils encore considérés comme des individus à part entière ?

Thierry Brun  • 7 mai 2009
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Le temps de la colère

Les conseillers de Pôle emploi ne savent plus où donner de la tête, tant l’afflux de chômeurs est important. De même, les téléopérateurs chargés de renseigner les milliers de pauvres en quête de renseignements sur le revenu de solidarité active (RSA). Comme le disent les syndicalistes, nous sommes entrés dans « le dur » des effets de la crise. Après l’éviction des intérimaires et des précaires, on passe maintenant à des plans massifs de suppressions d’emplois dans les secteurs industriels et les services, avec leurs dramatiques conséquences humaines et sociales.

Dans un contexte de révélations sur les rémunérations mirobolantes des dirigeants de grandes entreprises qui bénéficient d’aides publiques massives, cette situation nourrit l’exaspération des salariés qui se sont retrouvés sur le carreau (voir le reportage sur Kléber, page 20). La colère est d’autant plus forte que le réformisme libéral a réduit comme peau de chagrin les droits acquis en matière d’assurance-chômage. Ainsi, les dispositifs de lutte contre le chômage sont en train d’exploser en vol, parce qu’inadaptés à l’accueil des centaines de milliers de nouveaux demandeurs d’emploi (un million de chômeurs supplémentaires sont annoncés d’ici à la fin de l’année). On est loin de ce que déclarait Nicolas Sarkozy il y a deux ans : « Je veux que tous les Français qui sont licenciés économiques aient la chance de bénéficier d’un contrat avec le service public de l’emploi, qui débouchera soit sur une formation soit sur un emploi. »

Pourtant, le gouvernement, surtout à l’écoute du Medef, reste fermement attaché à ses réformes, à l’heure où moins d’un chômeur sur deux est indemnisé. Ainsi, la nouvelle convention d’assurance-chômage, entrée en application en avril, vient surtout réduire la durée des droits de salariés qui savent qu’ils ne retrouveront pas rapidement un travail dans un bassin d’emplois quasi sinistré. Les jeunes sont toujours exclus de l’indemnisation, et les chômeurs ayant les plus longues durées de cotisation, c’est-à-dire ceux qui vont s’inscrire maintenant, verront leur durée d’indemnisation diminuer et leur contrôle s’intensifier. En comparaison, les contreparties demandées aux entreprises qui devraient bénéficier des aides à l’emploi sont infimes. Une refonte urgente du système d’assurance-chômage et de la gestion de l’emploi dans les entreprises s’impose, pour que cessent les licenciements boursiers.

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