Hamida Ben Sadia

Jean-Pierre Dubois  • 5 novembre 2009 abonné·es

Hamida Ben Sadia est morte le 29 octobre, quatre mois après Saïd Bouziri. Pour la seconde fois cette année, la Ligue des droits de l’homme tout entière ressent l’injustice de ces disparitions d’amis si jeunes encore et qui laissent parmi nous un vide considérable, humainement et politiquement.
Elle avait été élue en 2007 au comité central, puis, au congrès du Creusot en juin 2009, au bureau national de la LDH. Après avoir été responsable de SOS Racisme pour la région parisienne, elle avait rejoint la Ligue en raison de son opposition à la loi interdisant le port du foulard par les élèves de l’enseignement public. Et, depuis lors, elle nous a constamment apporté une énergie et une passion militantes qui ne l’ont jamais empêchée, à la différence de tant d’autres, d’écouter les opinions contraires et de chercher sans cesse à faire progresser la connaissance des réalités sociales, culturelles et humaines d’aujourd’hui.
Et ces réalités, elle était mieux placée pour en parler que bien des donneurs de leçons. La vie de Hamida a été une succession impressionnante d’épreuves et parfois de drames. La violence contre les femmes, le mariage forcé, la domination patriarcale n’étaient pas pour elle des thèmes de dissertation abstraite, mais des oppressions dont elle s’était libérée et dont elle voulait que toutes se libèrent… mais pas au prix d’autres oppressions et d’autres injustices. Elle nous aidait à ne pas nous laisser contaminer par l’hémiplégie de la pensée, à ne tomber ni dans le relativisme culturel ni dans l’ethnocentrisme national-républicain.
Hamida était une femme debout, avec un courage et un enthousiasme hors du commun. Elle portait magnifiquement nos valeurs et nos espoirs. Si vous ne l’avez pas encore fait, lisez Itinéraire d’une femme française (voir Politis n° 1018), pour rester encore un peu avec elle et mesurer encore mieux ce que nous perdons.
Hamida nous faisait honneur, c’était quelqu’un de bien. Nous la pleurons.

Idées
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