Il va se calmer, oui ?

Philippe Rey, le préfet des Pyrénées-Atlantiques, accumule les atteintes à la démocratie.

Jean Sébastien Mora  • 14 janvier 2010 abonné·es

Et un désaveu de plus. Au dernier jour de l’année 2009, la cour administrative d’appel de Bordeaux rejette le recours du préfet des Pyrénées-Atlantiques, Philippe Rey, qui refusait au Collectif des associations de défense de l’environnement (Cade) l’agrément « Protection de l’environnement ». L’État devra verser 1 500 euros à la Cade. Un nouveau revers pour Philippe Rey, qui n’en est pas à son coup d’essai. Très zélé dans l’application des idéaux sarkozystes, le préfet multiplie les foucades depuis sa nomination, il y a près d’un an et demi.

Le 19 mars 2009, la cour d’appel de Toulouse sanctionne la pratique du préfet visant à transférer au centre de rétention de Toulouse des sans-papiers interpellés dans les Pyrénées-Atlantiques. Soucieux de contribuer à la politique du chiffre, Philippe Rey voulait éviter les avocats du barreau de Bayonne, particulièrement bien formés aux droits des migrants. Quelques jours après, c’est au tour du tribunal de Bayonne de débouter le préfet en concluant par un non-lieu le procès contre l’association Laborantza Ganbara. Philippe Rey accusait l’association, qui vise à promouvoir une agriculture durable, d’entraver le rôle de la chambre d’agriculture départementale. Quelques semaines avant le verdict, les maires du Pays basque recevaient un courrier du préfet les invitant à ne pas soutenir l’association. Une dissuasion tout inconstitutionnelle puisqu’un préfet ne peut influer sur la décision d’un élu en amont.

En octobre 2009, le tribunal administratif de Pau rejette la demande du représentant de l’État de citer à comparaître le maire de Billère pour la création d’une fresque intitulée le Mur des expulsés. Mais, au-delà des actions en justice, Philippe Rey prend également des initiatives pour le moins étonnantes : le 28 décembre 2009, le président de la Cimade, Patrick Peugeot, se voit refuser l’accès au centre de rétention d’Hendaye en raison d’une interdiction préfectorale. L’association est pourtant dûment habilitée à pénétrer les lieux par le mi­nistre de l’Immigration, Éric Besson… Un préfet à suivre de près.

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