Parutions

Denis Sieffert  • 11 mars 2010 abonné·es

Post-capitalisme, imaginer l’après
Coordonné par Clémentine Autain, Au Diable Vauvert, 350 p., 20 euros.

Voici un superbe « casting » pour penser l’après-capitalisme, sous la houlette de Clémentine Autain et de l’équipe de Regards , coéditrice de cette somme de contributions. Un travail pluraliste dans tous les sens du terme. D’un point de vue politique d’abord, avec Daniel Bensaïd, qui signait là, hélas, l’un de ses derniers articles, mais aussi l’économiste du Parti de gauche Jacques Généreux, et le philosophe libertaire Michel Onfray. D’un point de vue de la pluridisciplinarité ensuite. Historiens, économistes, philosophes, sociologues, juristes, responsables associatifs et même journalistes – comme Arnaud Viviant et Florent Latrive – se croisent dans ces pages denses et fécondes. La philosophe Isabelle Garo mesure l’ampleur de la tâche : «  L’idée de post-capitalisme, écrit-elle, est la plus confuse qui soit. » Mais cette confusion, estime-t-elle, résulte d’une « défaillance de notre imagination historique », moins apte à penser « les finalités » que « les transitions ». Les auteurs ici rassemblés affrontent la difficulté avec un certain bonheur.

Révolution, les impensés d’un héritage
Denis Berger, Roger Martelli, Michèle Riot-Sarcey, Francis Sitel, Pierre Zarka, La Dispute, 198 p., 15 euros.

« Et si le salut critique se trouvait précisément dans le vide utopique actuel ? » La question, pour paradoxale qu’elle est, ne manque pas de panache. Elle est posée par Michèle Riot-Sarcey dans le premier article d’un ouvrage collectif. Historienne du féminisme et des utopies, elle ouvre cette perspective après avoir revisité l’histoire des révolutions des deux derniers siècles, et de leurs échecs. C’est Foucault qui, selon Michèle Riot-Sarcey, analyse le mieux ces échecs répétés, conséquences du fait que la résistance « n’est jamais en position d’extériorité par rapport au pouvoir » . Le pouvoir, analyse-t-il, « investit les dominés » . L’historienne conclut à la nécessité de penser la démocratie réelle hors des modèles et des préjugés, et libéré « des représentations qui font de l’homme un objet du système ». Denis Berger, Roger Martelli, Francis Sitel et Pierre Zarka prennent ensuite le relai. Un communiste dissident, un historien du communisme, un ex-trotskiste et l’ancien directeur de l’Humanité se penchent, chacun riche de son expérience, mais aussi éprouvé par les déconvenues, autant sur le passé de l’idée révolutionnaire que sur la « refondation ». Un travail honnête et profond sur lequel nous reviendrons.

Idées
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