Austérité pour tous

Comme pour la Grèce, des réductions de dépenses publiques sont prévues dans plusieurs pays de l’Union européenne.

Thierry Brun  • 13 mai 2010 abonné·es

L’austérité est une règle d’or en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Irlande et en… France. Même si le gouvernement de François Fillon rejette avec vigueur l’idée d’une politique d’austérité, celle-ci est bel et bien appliquée, notamment pour les retraites, dossier qui intéresse particulièrement les marchés financiers.

À l’issue d’un séminaire gouvernemental sur la préparation du budget 2011-2013, le Premier ministre a confirmé que les dépenses de l’État seront gelées « pour les trois années à venir » et que la politique de non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux sera poursuivie dans la fonction publique. François Fillon a ajouté que « les dépenses de fonctionnement courant de l’État diminueront de 10 % en trois ans, avec une baisse de 5 % dès 2011 », et s’est bien gardé d’ajouter la réforme des retraites à ce plan d’austérité qui ne dit pas son nom, mais qui est appliqué à plusieurs pays de la zone euro…
France comprise, les pays membres de l’Union européenne (UE) doivent se soumettre contre vents et marées au pacte de stabilité financière et s’engager auprès de la Commission européenne à ramener leur déficit public annuel sous la barre des 3 % du PIB alors qu’il s’est envolé au-delà des 10 %. Ce carcan budgétaire impose aussi de limiter à 60 % du PIB la dette publique, au prix d’une réduction drastique de la dépense publique et de réformes exigées par les marchés financiers, alors qu’au niveau européen 3 600 milliards d’euros ont été dégagés pour le sauvetage des banques pendant la crise financière de 2008.

Des mesures analogues à celles infligées à la population grecque sont engagées notamment au Portugal, en Espagne, en Irlande. Même en Allemagne une réduction des dépenses publiques a été programmée cette année. Au Portugal, le gouvernement de José Socrates, Premier ministre socialiste, a gelé les salaires des fonctionnaires (environ 12 % de la population active) et veut en réduire le ­nombre. Il va opérer un tour de vis fiscal et des privatisations, sur fond de manifestations et de grèves à répétition. En Espagne, José Luis Zapatero, Premier ministre socialiste, veut économiser pas moins de 50 milliards d’euros sur trois ans avec une réforme du marché du travail et l’ambition de porter l’âge de la retraite de 65 à 67 ans.
De même, en Irlande, le gouvernement de Brian Cowen (centre droit) a adopté dès 2009 deux plans d’austérité de 3 et 4 milliards d’euros, imposant d’impopulaires baisses générales des allocations et une réduction de 5 à 15 % des salaires des fonctionnaires. À quelques variantes près, une même conception qui privilégie les marchés est appliquée et risque d’envenimer la crise.

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