Lu, vu, entendu

Politis  • 20 janvier 2011
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LU

Qui a écrit que « le monde patronal est une force de conservatisme et non pas une force de progrès pour la société »  ? Non, ce n’est pas un militant de Lutte ouvrière. Cette charge contre le Medef est d’Éric Verhaeghe, désormais ex-membre du « syndicat » des patrons et ex-président de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec). Cet énarque publie aux éditions Jacob-Duvernet un brûlot intitulé Jusqu’ici tout va bien , dans lequel il s’en prend, entre autres, à la thèse du Medef sur la nécessaire « baisse du coût du travail » , qui aboutit à la « modération salariale » et à l’endettement « massif » des salariés. Très inspiré, Verhaeghe a aussi écrit que « rien ne justifie que le remboursement de la dette soit assumé par les plus bas revenus » , qui « en profitent le moins » . Il pourrait presque passer pour un gauchiste.

VU

À 19 h 10 ce vendredi 14 janvier, l’information du départ de Ben Ali est connue de tous mais, sur Canal +, Alain Duhamel, Jean-Michel Aphatie et d’autres « signatures » en sont encore à commenter les possibles effets du discours de Ben Ali, la veille au soir. Le « Grand Journal » a été enregistré l’après-midi, et la chaîne n’a pas jugé utile de le remplacer. C’est cruel mais heureux. Car dans ce concert d’approximations et de lieux communs, Christophe Barbier livre le fond de sa pensée en « assumant » une phrase qui réduit la situation à une alternative qui ne se pose pas : « Plutôt Ben Ali que les barbus. » « Je veux la république , affirme le directeur de l’Express. Si la république passe par la démocratie, c’est tant mieux, mais s’il faut parfois combattre les mécanismes démocratiques pour sauver la république… » « Plutôt Hitler que le Front populaire » , estimaient déjà, dans les années 1930, les éditorialistes en vue d’une certaine droite dite libérale.

ENTENDU

« J’ai voté pour Monsieur Sarkozy » , confesse Robert Ménard, sur France Inter (11 janvier). « Réactionnaire » revendiqué, l’ancien agitateur de Reporters sans frontières, toujours « favorable à la plus grande liberté d’expression » au point de plaider contre la loi sur le racisme –  « une mauvaise loi »  – et pour le droit des négationnistes à s’exprimer, se prononce à nouveau en faveur de la peine de mort dans les « cas de crimes atroces » . Un châtiment « plus humain » qu’une incarcération à vie, dit-il. Autre aveu : « Je ne suis pas homophobe, mais je n’ai pas envie que mes enfants soient homosexuels […] et affrontent cette difficulté supplémentaire. » L’émission s’appelle « Souriez, vous êtes informés » ; mais on cherche quand sourire.

Les échos
Temps de lecture : 2 minutes
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