Le recours croissant au privé

Michel Soudais  • 17 mars 2011 abonné·es

Les difficultés budgétaires des départements font le bonheur des « partenariats public-privé » (PPP). Cette forme de privatisation des services publics est relativement nouvelle. Introduite à partir de 2004, elle s’inspire des Private Finance Initiatives théorisées par les partisans de la troisième voie blairiste. Le principe en est simple : après un appel d’offres, une collectivité locale confie la construction d’un équipement public à une entreprise qui va se charger de réaliser la prestation et, le cas échéant, s’occuper de son entretien pour une durée de plusieurs dizaines d’années, en échange d’un loyer payé par la collectivité. Pour celle-ci, l’avantage est immédiat : les PPP permettent de lancer des projets sans quasiment aucun investissement. Sur le long terme, ils bénéficient essentiellement aux sociétés délégataires (essentiellement les grands groupes du BTP) : libres de gérer la construction et l’entretien des équipements pour lesquels elles ont signé un PPP, elles en tirent une rente qui leur assure des profits importants et durables, acquis au détriment des usagers ou des contribuables.

Les applications des PPP n’ont quasiment pas de limites [^2] : la construction de collèges ou de logements HQE, la réalisation de routes ou la réfection d’un éclairage public, la création d’un réseau haut débit… Toutes les infrastructures (y compris sportives) sont susceptibles d’être ainsi déléguées. Vantés par la droite, qui y voit un moyen de « placer au cœur de la démarche publique la notion de résultats » (Hervé Novelli), les PPP sont aussi pratiqués par la gauche. Récemment, les conseils généraux de Seine-et-Marne et de Seine-Saint-Denis, pourtant dirigés par le PS, y ont eu recours pour des travaux dans des collèges. Et la Nièvre pour son hôtel du département. Un comble.

[^2]: Voir la liste des projets recensés par Bercy sur le site dédié : www.ppp.bercy.gouv.fr

Politique
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