Un scrutin fuyant

La droite se cache pour éviter la sanction des électeurs ; la gauche, toujours dominée par le PS, veut avant tout préserver ses positions.

Michel Soudais  • 17 mars 2011 abonné·es

La moitié de la France est appelée aux urnes dimanche pour élire 2 026 conseillers généraux dans les 100 départements français, à l’exception de Paris, ainsi qu’à Mayotte, qui s’apprête à devenir le 101e département. Cela vaut qu’on le rappelle tant l’annonce de ce rendez-vous électoral aura été minoré, sinon occulté.

Le premier enjeu du scrutin, le dernier de ce type avant la création du conseiller territorial, prévue normalement en 2014, sera la participation. Pour la première fois depuis 1994, ces élections ne seront pas couplées avec un autre scrutin plus mobilisateur. Du coup la participation pourrait être inférieure à 50 %, ce qui ne serait pas pour déplaire au gouvernement, qui craint un nouveau vote sanction après les revers cinglants des régionales de 2004 et de 2010, ou des municipales de 2008.

Dans moult départements, ses candidats n’affichent pas le logo de l’UMP, préférant concourir sous la bannière de la « majorité départementale », ou sous leur propre nom. Peu sollicités, les ténors de la droite font le service minimum, se réfugiant derrière « l’enjeu local » du scrutin. Tout au plus espèrent-ils arracher à la gauche la Seine-et-Marne, département de Jean-François Copé, et le Val-d’Oise, terre d’élection de DSK, afin de compenser la perte de 4 ou 5 départements plus ruraux.
A contrario, la gauche, majoritaire dans 58 départements, entend dépasser largement la barre des 60 départements et provoquer un « choc psychologique » à treize mois de la présidentielle. Mais en son sein chaque formation essaie de profiter de ce tour de chauffe avant le grand rendez-vous de 2012 pour se placer au mieux.

Forts de 1 500 candidats, Europe-Écologie-Les Verts (31 conseillers généraux, dont 13 renouvelables) n’ont jamais présenté autant de prétendants. Ils ont passé des accords avec le PS dans 24 départements et espèrent au moins « doubler » le nombre de leurs élus, mais craignent d’être sous les 8 % avant d’aborder les négociations législatives avec le PS. Le Front de gauche, avec 1 660 candidats, dont une écrasante majorité du PCF, 205 du PG, quelques-uns de Gauche unitaire et des « candidats d’ouverture » , avec parfois des soutiens locaux de la Fase ou du NPA, table sur « un score à deux chiffres ».

Enfin, le FN, avec 1 460 candidats contre 1 850 en 2004, et un seuil pour accéder au deuxième tour relevé à 12,5 % des inscrits, aura du mal à confirmer la poussée que lui prédisent les sondages. Son score est l’un des enjeux de ce scrutin.

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