Droite (tout) contre extrême droite

Sébastien Fontenelle  • 16 juin 2011 abonné·es

Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre UMP de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, vient de faire un bouquin pour, je la cite : « Casser cette idée fausse que l’extrême droite serait l’extrême de la droite, c’est-à-dire comme la droite mais en plus radical [^2]. »
 Lisant cela (dans le Monde ), je me suis trouvé, pour une fois, et je dois reconnaître que ça fait un drôle d’effet, plutôt d’accord avec Nathalie Kosciusko-Morizet, vu que je trouve, moi aussi, que l’extrême droite pénique n’est pas du tout plus radicale que la droite régimaire que nous subissons depuis quatre interminables ans (et dans laquelle émarge, précisément, la ministre UMP de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement) — et que l’une vaut l’autre (et inversement).


Claude Guéant lui-même (dont le Journal du dimanche nous apprit ce week-end qu’il se prévaut « en privé » de ce que « son discours » obsessif « sur l’immigration “n’est pas pour rien” dans » ce qu’il appelle « le frémissement de la cote de popularité du » chef de l’État français) ne dit d’ailleurs pas autre chose, quand il assure que, « sur l’immigration, Marine Le Pen n’apporte aucune idée opérationnelle »  : elle se contente d’ « expliquer qu’il faut reconduire les étrangers en situation irrégulière » — alors que nous, mâme Dupont, pardon, mais c’est « nous » qu’on « assumons cette lutte contre l’immigration irrégulière sans complexe depuis des années ». 
(Traduction : dans la vraie vie, c’est nous qu’on est plus radicaux que la Pen, puisque durant qu’elle fait rien qu’à réclamer qu’il faut lourder le bougn… l’immigré(e), nous, qu’est-ce qu’on fait ? On le boute pour de bon, par paquets de mille — et, croyez-moi, ce n’est qu’un début, « nous avons un objectif de 28 000 pour 2011 », mais « nous le relèverons dans quelques semaines », et je ne désespère pas du tout, si mes fonctionnaires se montrent appliqué(e)s, d’arriver bientôt à quelque chose d’un peu industriel.)

J’étais donc plutôt d’accord avec Nathalie Kosciusko-Morizet, jusqu’à ce que, poursuivant ma lecture du Monde, je m’aperçoive qu’en réalité, loin de considérer que son UMP vaut l’FN, elle veut au contraire nous faire croire qu’un tel postulat « est faux ».


(ça la gonfle, cette femme, qu’on la confonde avec des gens qui veulent virer les immigré(e)s alors qu’elle est d’un gouvernement qui veut virer les immigré(e)s, merde alors, c’est pas du tout la même chose, ça commence à bien faire, ces amalgames.)


Et d’asséner, en guise de preuve : « L’extrême droite est un ailleurs qu’il me revient de dire, à moi qui suis de droite. » (Je te le remets, pour si t’aurais pas noté comme c’est beau : « L’extrême droite est un ailleurs qu’il me revient de dire, à moi qui suis de droite. » )


Et ça ne veut strictement rien dire — mais faut la comprendre, Nathalie Kosciusko-Morizet : ça doit pas être évident du tout de porter (comme elle prétend faire) « une critique de droite du FN », quand on sert dans le même régime que Claude Guéant.

[^2]: Le Monde, 14 juin 2011.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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