La présidentielle divise le NPA

Philippe Poutou a été élu candidat à la présidentielle avec une petite majorité (53 %). Cette désignation d’un «candidat identitaire» provoque une profonde cassure dans la formation d’Olivier Besancenot.

Michel Soudais  et  Pauline Graulle  • 30 juin 2011 abonné·es
La présidentielle divise le NPA
© Photo : Dufour / AFP

On a vu des annonces de candidature plus dynamiques. Et même si le NPA est connu pour cultiver une certaine austérité de forme, dimanche, l’ambiance était assez crépusculaire dans le sous-sol de La Brèche, librairie historique de la LCR dans le XIIe arrondissement de Paris, pour la première conférence de presse de Philippe Poutou. Quelques chaises vides font face à une petite tribune sommairement décorée d’affiches du parti et encerclée d’une petite dizaine de photographes et cameramen. Flanqué de Christine Poupin, l’une des deux porte-parole du parti, Philippe Poutou, 44 ans, fraîchement promu candidat du NPA, se présente sobrement : « Je ne suis pas membre de la direction, je suis ouvrier. » Inconnu des médias il y a quelques jours encore, il ne l’était guère moins des militants, sauf en Aquitaine, où il a été tête de liste aux régionales en mars 2010 (2,52 %).

La voix est douce, le ton hésitant, le regard timide, presque fuyant…
Décidément, on n’attendait pas ce discret syndicaliste CGT de l’usine Ford de Blanquefort (Gironde) pour succéder au charismatique Olivier Besancenot. En défense de son poulain, Christine Poupin rappelle qu’il a conduit un mouvement victorieux permettant de pérenniser près de 1 000 emplois chez Ford Aquitaine : « Tous les autres candidats [à la présidentielle] auront plein de coachs… L’entraînement qu’a Philippe, c’est autre chose… C’est tenir tête au patron. »

Élu la veille à une courte majorité (122 pour, 50 contre, 11 abstentions et 47 refus de prendre part au vote) par les délégués à la conférence nationale que le NPA organisait à Nanterre, Philippe Poutou explique ne pas vouloir « faire croire » qu’il est « le supercandidat » . Promu par les tenants d’une ligne « identitaire », soucieux de barrer la route à Myriam Martin, l’autre porte-parole du NPA – absente de la conférence de presse –, qui prônait la poursuite du dialogue avec le Front de gauche, le candidat aura bien du mal à mener la « campagne collective » promise aux militants orphelins d’Olivier Besancenot. Ceux qui ne partagent pas sa ligne ne désarment pas et affirment, dans une déclaration (voir ci-dessous), ne pas se reconnaître « dans le démarrage de cette campagne qui ne rassemble pas [leur] parti » .

« On est en situation de crise, on ne peut pas le nier » , reconnaît Philippe Poutou, qui concède que le NPA, 4 500 adhérents à jour – soit deux fois moins qu’à son congrès fondateur en février 2009 –, « ne va pas très fort » . « On se présente séparément [du Front de gauche] parce qu’il y a des raisons de ne pas être ensemble, il y a de vrais désaccords politiques, justifie cet ancien militant de Lutte ouvrière, expulsé à la suite des conflits internes de 1996-1997. On n’est pas sectaires. Il faudra construire des choses avec la gauche radicale. » Et de décliner sans trop d’entrain les grandes lignes de ce « programme de rupture avec le capitalisme »  : lutte pour l’emploi, dénonciation de la « politique pourrie du patronat » , régularisation des sans-papiers, sortie du nucléaire, création d’un service public bancaire, etc.

En attendant, l’heure est déjà au recueil des 500 signatures permettant d’accéder à l’élection présidentielle. Une quête qui « s’annonce encore plus difficile que les années précédentes » , concède Philippe Poutou, s’excusant presque…

Politique
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