La révolution des papy-boomers

Les actuels sexagénaires représentent un énorme marché. Des assurances aux « gérontechnologies » en passant par les loisirs et le tourisme, nombre de secteurs se frottent les mains.

Pauline Graulle  • 9 juin 2011 abonné·es

Dans vingt ans, ils entreront dans le quatrième âge… Mais, d’ici là, ils sont bien décidés à passer une retraite tout confort. Eux, ce sont les papy-boomers. Consommateurs, aisés (3 500 euros en moyenne par ménage) et surtout nombreux (en 2050, un Français sur trois aura plus de 60 ans !), ils sont très attendus par les marques.


Qui tirera son épingle du jeu ? En premier lieu, les assureurs, les mutualistes et les banquiers, déjà dans les starting-blocks. Mais aussi le secteur des « géron­technologies », ces engins high-tech (télé-assistance, télévigilance, monte-escalier, etc.) permettant le maintien à domicile et les consultations médicales à distance : « C’est un marché potentiellement considérable, estime Richard Saccone, président de l’Asipag, qui rassemble les acteurs du secteur. Mais on attend toujours que l’État définisse des sources de financement complémentaires pour les particuliers, car ce matériel coûte cher. »

Dans un autre genre, les loisirs et le tourisme (plutôt de type « solidaire ») devraient avoir le vent en poupe chez les ex-soixante-huitards. « Même si, précise Denis Guiot, professeur de marketing à l’université Paris-Dauphine, les papy-boomers seront constamment dans un arbitrage entre leur plaisir immédiat et l’envie de laisser du patrimoine à leurs enfants. » Hédonistes, mais pas inconscients !
Côté santé, les cliniques privées se préparent aux beaux jours. Les labos ­pharmaceutiques vont rafler la mise, notamment sur les médicaments « de confort » et les cosmétiques, « qui attireront de plus en plus une clientèle masculine », prédit Denis Guiot. Il faudra aussi inventer des produits de grande consommation adaptés aux sens qui déclinent. Alors que l’opticien Alain Afflelou vient de se lancer dans les prothèses auditives, la marque Doro propose déjà des téléphones portables à grosses touches, et Oxo des essoreuses à salade « spécial arthrose ». 
Plus globalement, « l’afflux de gens âgés va conduire à un ralentissement global de la société, explique Frédéric Ferrière, fondateur de l’agence de conseils Senior Strategic. Les journaux devront faire de l’info plus fouillée, les voitures circuleront moins vite, les queues aux caisses des supermarchés vont s’allonger… L’économie devra prendre en compte ce paramètre ».

« Les “happy-boomers” détestent l’idée de vieillir : pour les séduire, les pubs devront mettre en scène des personnages avec vingt ans de moins ! prévient Benoît Goblot, directeur de Senior Agency. Pour le reste, il y a beaucoup d’inconnues car cette génération, qui a inventé les codes de la jeunesse, s’apprête aussi à réinventer la vieillesse.   » Une certitude, néanmoins : en 2050, le nombre de décès aura augmenté, en France, de 40 %. Les professionnels des pompes funèbres attendent de pied ferme cette clientèle… captive.

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