L’État vole le « 1 % »

Thierry Brun  • 21 juillet 2011 abonné·es

Le siphonnage du financement du logement social continue, sous la houlette du secrétaire d’État au Logement, Benoist Apparu. Le gouvernement a décidé de s’attaquer au magot d’Action logement, un dispositif anciennement nommé « 1 % logement ». Géré par le patronat et les syndicats, il devrait être ponctionné de la bagatelle de 3,4 milliards d’euros en trois ans. Seront ainsi prélevés 1,25 milliard d’euros en 2012, 1,2 milliard en 2013 et 950 millions en 2014 dans les caisses d’un organisme qui prévoit « un déficit de trésorerie de 500 millions d’euros » en 2012, souligne la CGT.


À terme, l’équilibre financier d’Action logement sera mis en grand danger et aura pour conséquence de réduire à la portion congrue ses moyens pour l’attribution de logements aux salariés. Le gouvernement met aussi en difficulté un accord national interprofessionnel signé le 29 avril, prévoyant la construction de 45 000 logements pour les jeunes salariés dans les trois prochaines années. Les syndicats, ainsi que le Medef, se sont insurgés contre ce prélèvement qui s’ajoute à près de 4 milliards d’euros captés dans les caisses de l’organisme entre 2009 et 2011, pour financer l’Agence nationale de l’habitat (Anah) et la rénovation urbaine (Anru).


« L’État transforme en impôt les cotisations des salariés pour le “1 % logement” »,* pointe la CGT. Il « affaiblit durablement le financement du logement social », proteste la CFDT.


Action logement indique que sont menacés 632 000 ménages aidés (en 2010), dont plus de 70 000 nouveaux ménages logés dans le locatif social, ainsi qu’un parc de près de 800 000 logements familiaux. De quoi accentuer l’actuelle crise du logement, qui touche 10 millions de personnes, selon la Fondation Abbé-Pierre, loin de la France des propriétaires promise par Nicolas Sarkozy.

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