Trois vœux, trois styles…

Bayrou, Mélenchon, Joly : à chaque challenger sa cérémonie, comme une bande-annonce de la campagne à venir. Atmosphère.

Pauline Graulle  • 12 janvier 2012 abonné·es

La nuée de caméras attendue est au rendez-vous. Le mardi 3 janvier à midi, François Bayrou affiche le sourire des bons jours. Il fait ses vœux à la presse dans son QG de la très chic rue de l’Université (Paris VIIe). Derrière son pupitre, le « troisième homme » de 2007 annonce la fin du « temps de la solitude » , et esquisse son programme : économiser sur les dépenses publiques « sans drame et sans déchirement » , promouvoir l’ « achetez français » , reconstruire le « moral de la France » par « la morale publique » … Le discours, plutôt réussi, du Palois du MoDem s’achèvera par un buffet « campagnard chic » – le choix des agapes n’a rien du hasard…

Ambiance plus « prolo », le lendemain, à L’Usine, aux Lilas (93). On a beau être au siège de campagne du « candidat anti-austérité » , c’est un apéro de crise (le frugal « pain-rillettes ») qui nous attend. À la tribune, Jean-Luc Mélenchon, quoique en moyenne forme (il sort d’un régime), présente avec vigueur des « vœux qui claquent comme des consignes » : « résister » , « prendre le pouvoir » , imposer « la loi du partage de bon gré ou de force » . Le candidat du Front de gauche met en garde contre le « PMU politique » et les « calculs tacticiens » … Le vote utile ne passera pas par 2012 !

Discours inverse d’Eva Joly, qui fêtait, jeudi 5 au matin, la nouvelle année à La Bellevilloise, salle « bobo » du XXe arrondissement parisien. Elle appelle Bayrou, Hollande et Mélenchon à « s’engager pour un désistement ­réciproque » en faveur du vainqueur du premier tour. Le vœu le plus pieux de ces trois jours.

On s’en doutait, tous trois déclineront l’invitation… Comme pour mettre fin aux récentes tensions entre le parti écologiste et sa candidate, EELV avait décidé de la jouer « soudée » avec le défilé à la tribune de quatre porte-parole.
Joly, en tailleur noir, a égréné, un rien laborieusement, le programme : augmentation de la CSG, révolution industrielle écologique, sortie du nucléaire, instauration d’une « République irréprochable » dès 2012… À en juger par le buffet, où on jure que, des nems au bourgueil, « tout est bio » , on sait en tout cas que l’année sera roborative !

Politique
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