Génériques : faut-il revoir la copie ?

Alors que ces médicaments moins coûteux montent en charge, un médecin dénonce un « scandale sanitaire ». Explications.

Ingrid Merckx  • 11 avril 2013 abonné·es

Nouvelle salve ou vieille rengaine ? « Médicaments génériques, le cri d’alarme des médecins. Pourquoi ils sont moins efficaces. Le livre choc du Dr Boukris », titrait l’Express du 3 avril. Soit une enquête laissant entendre que tous les médecins (contre les pharmaciens) se défient des génériques, accompagnée d’un entretien avec le Dr Sauveur Boukris et d’extraits de son livre. Celui-ci n’hésite pas à dénoncer une « propagande d’État », le « tout-générique » illustrant « la suprématie de l’économie sur la santé ». Un lanceur d’alerte ou un Claude Allègre du médicament ? Ce livre paraît alors que l’année 2012 a été marquée par une montée en charge des génériques, qui, vendus 60 % moins cher que les médicaments de marque, font faire des économies à la Sécurité sociale. De plus, la nouvelle convention médicale permet un intéressement des médecins qui remplissent des objectifs de santé publique, dont la prescription de génériques. « Des médicaments aussi efficaces ! », martèle la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Quand le brevet d’un médicament tombe dans le domaine public, tout laboratoire peut copier ce « princeps ». Le « générique », c’est la copie. La loi stipule qu’elle a « la même composition qualitative et quantitative en principes actifs [et une bioéquivalence démontrée] avec la spécialité de référence… » .

Mais cette bioéquivalence « ne se réduirait pas automatiquement à une équivalence thérapeutique », d’après l’Académie de médecine. Les excipients (diluants, conservateurs, colorants) et la galénique (présentation en poudres, gélules, etc.) pourraient modifier la tolérance et les effets secondaires. Environ 5 % des patients seraient concernés, notamment ceux dont les pathologies (épilepsie, thyroïdie…) réclament des traitements parfaitement ajustés. « Traumatisés par les récents scandales sanitaires et la crise économique, les gens pensent que moins cher signifie de qualité moindre », mesure le Dr Philippe Nicot, du Formindep, une association d’information médicale indépendante. Selon lui, « les mêmes doutes pèsent sur les génériques que sur tout médicament. Il vaudrait mieux s’interroger sur les surprescriptions, génériques ou pas ». Le problème n’est pas les génériques, ou pas seulement, mais la sécurité sanitaire et les circuits de pharmacovigilance.

Société Santé
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