Sida : des soins plus abordables

Florent Sourisseau  • 2 juillet 2013 abonné·es

Le prix des antirétroviraux est en baisse, selon Médecins sans frontières ( MSF). C’est ce que l’organisation affirme dans Untangling the web, Guide du prix des ARV , l’un des deux rapports qu’elle présente à la conférence de l’International Aids Society (IAS), qui se déroule actuellement à Kuala Lumpur. Selon ce document, les traitements contre le VIH sont dorénavant plus accessibles, en raison de la multiplication des génériques à travers le monde. Et cela, bien que certains laboratoires pharmaceutiques tentent de limiter la concurrence en déposant des brevets. Comme l’explique le Docteur Jennifer Cohen, directrice médicale de la Campagne d’accès aux médicaments essentiels de MSF, « les médicaments les plus récents demeurent hors de prix ».

Le second rapport, Putting HIV Treatment to the Test, préconise le recours aux tests de mesure de la charge virale du Sida chez les patients, notamment dans les pays en développement, afin d’éviter une surévaluation du traitement à adopter. L’objectif est d’éviter un investissement financier trop important.

Le 1er juillet, l’OMS a publié de nouvelles recommandations visant à traiter de manière plus précoce les personnes atteintes du VIH, soit avant que leurs défenses immunitaires soient altérées. En effet, «traiter les personnes porteuses du VIH plus précocement (1) permet d’une part d’améliorer les pronostics d’une bonne santé en réduisant les risques de comorbidité et d’autre part à abaisser leur charge virale, ce qui réduit statistiquement le risque de transmettre le virus à une autre personne» , explique Act Up. En 2010, l’OMS avait recommandé de traiter les personnes infectées sitôt que leur taux de lymphocytes CD4 tombait en dessous de 350 cellules par mm3 de sang. Cette année, le seuil grimpe à 500 CD4/mm3.

Il faudrait passer à 26 millions de séropositifs traités dans le monde contre 10 millions aujourd’hui. D’après l’organisation, ces nouvelles mesures permettraient d’éviter 3 millions de décès supplémentaires et 3,5 millions de nouvelles infections d’ici à 2025.

Concernant les enfants de moins de 5 ans, les femmes séropositives enceintes ou allaitantes, les personnes séropositives vivant en couple avec un partenaire non infecté et celles séropositives co-infectée par l’hépatite B ou ayant également une tuberculose active, l’OMS recommande de traiter systématiquement, sans tenir compte du seuil.

Si Act Up salue ces recommandations, elle regrette que l’OMS ait négligé d’autres points importants tels que «les modalités d’implication des communautés à tous les stades du parcours de soins, l’inclusion des recommandations concernant la co-infection VIH/hépatite C, ou encore la préconisation du dépistage chez les enfants de mois de dix-huit mois.»

Autre bémol : «Alors que les États de l’Union africaine ne remplissent toujours pas l’engagement pris en 2001 à Abuja de consacrer 15% de leur budget national à la santé, et que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme peine à trouver les 5 milliards de dollars supplémentaires dont il a besoin sur les trois prochaines années, on a du mal à voir comment les recommandations de l’OMS pourront effectivement être mises en œuvre» , alerte Act Up.

Enfin, «les brevets pharmaceutiques demeurent un frein à l’accès universel aux traitements. Si l’arrivée sur le marché de médicaments génériques a permis de faire chuter les prix des traitements de première et de deuxième ligne, les médicaments de troisième ligne demeurent inabordables dans les pays pauvres à cause des brevets.»

Santé
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