Y aurait pas comme une sale odeur ?

Bourdouleix s’était déjà déclaré prêt à « déverser un camion plein de merde » parmi les gens du voyage.

Sébastien Fontenelle  • 25 juillet 2013 abonné·es

Adoncques, un certain Bourdouleix, élu de l’UDI, a déclaré, après un échange –   façon de parler   – avec des gens du voyage, qu’Hitler n’en avait « peut-être pas tué assez ». Puis, bien sûr, quand ces propos ont été rapportés par la presse, le courageux mec s’est empressé de nier qu’il les avait proférés. Je dis «   bien sûr » parce que cette dénégation ne devrait que peu nous étonner. Je sais pas si c’est l’effet des fortes chaleurs ou quoi, mais, depuis ces temps-ci, l’extrême droite plurielle [^2] semble avoir fait le choix, un peu drastique, certes, mais en même temps tellement libérateur, de ne plus du tout se laisser emmerder par la réalité, et ça donne des trucs assez curieux. Du style Henri Guaino qui déclare très sérieusement que Nicolas Sarkozy « n’a pas perdu » en   2012 –   n’importe quoi, je l’ai vu ce matin et il m’a dit qu’il avait encore dîné à l’Élysée avec Frank Sinatra   –, et que, d’ailleurs, Nicolas Sarkozy est en vérité Winston Churchill [^3]. Après quoi, si nous vivions dans un monde à peu près normalement soucieux du bien-être des pauvres bougres en surchauffe, Henri Guaino aurait dû être immédiatement transféré vers l’asile, mais voilà, nous avons perdu le sens des solidarités.

Et donc, disais-je, voilà le Bourdouleix qui se récrie, sur le thème : ah, mais non, je n’ai pas du tout dit ça, j’ai peut-être parlé d’Hitler, mais sans rien suggérer de particulier, et après tout quoi de plus normal que d’évoquer son nom quand on est en présence de  « romanichels »  ? Mais, gros manque de bol   : sa déclaration a été enregistrée [^4], et voilà que l’UDI se sépare de lui, parce que, « à partir du moment où la preuve est publiée, nous ne pouvons que décider de l’exclusion », explique très sérieusement son secrétaire général, Jean-Christophe Lagarde. Sous-entendu   : y aurait pas eu cet enregistrement, on le gardait, parce que bon, c’était jamais qu’une petite vanne à mèche et moustache, hmmm ? Déjà   : c’est cossu. Mais, juste après, on apprend –   si on l’ignorait, ce qui était mon cas   – que le gars n’en est pas du tout à sa première ignominie, et qu’il s’était déjà déclaré, en 2010, prêt à « déverser un camion plein de merde » au milieu des gens du voyage   : ça lui avait valu d’être poursuivi par la LDH, mais la justice l’avait blanchi –   je me comprends   –, en considérant, en substance, que c’était pas bien, mais plus compliqué que ça – rien qu’en l’écrivant, j’ai l’impression de rêver. Question   : est-ce que ce précédent a nui à son adhésion à l’UDI   ? Non point –   sans doute que la preuve n’avait pas été publiée   ? Reniflons une dernière fois, avant de nous quitter pour un mois, l’odeur incroyablement « nauséabonde », pour le coup, qui de chasse aux Roms en exactions islamophobes continue de monter du marigot françousque où la fange faffe s’épaissit –   et profitons bien de nos repos estivaux   : quelque chose me dit que la rentrée ne sera pas moins malodorante.

[^2]: © Peter Tevanian.

[^3]: Je te jure que je n’invente rien.

[^4]: Bourdouleix soutient alors que cet enregistrement est un « bidouillage ».

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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