La démocratie dans le 06 (À flux détendu)

Un film à la fois réjouissant et inquiétant de Michel Toesca sur la rébellion des petites communes contre le projet de la métropole de Nice.

Christophe Kantcheff  • 30 janvier 2014 abonné·es

C’est l’équivalent du village d’Astérix. Quelques petites villes du département des Alpes-Maritimes, celles qui, dans l’arrière-pays, sont les plus proches de la frontière avec l’Italie (Breil-sur-Roya, Saorgue, La Brigue…), se sont rebellées contre une décision du préfet, en 2010. Celui-ci leur imposait d’être intégrées dans un ensemble, la Communauté d’agglomération de la Riviera française, destiné lui-même à faire partie de la métropole de Nice. Seulement voilà : les maires de ces petites communes, dans leur majorité, voyaient bien quelles prérogatives ils devaient abandonner, mais ne percevaient pas les avantages qu’ils pourraient en tirer.

Impossible d’accepter cela sans réagir : les maires décidèrent d’organiser un référendum auprès de leurs populations, interdit sur-le-champ par le préfet, sur des bases juridiques aléatoires. Qu’à cela ne tienne ! Des associations d’habitants ont pris le relais pour organiser cette consultation prétendument illégale.

C’est cette bataille populaire que Michel Toesca a filmée dans Démocratie Zéro6 , en même temps que le déni de démocratie perpétré par le préfet des Alpes-Maritimes de l’époque, en relation étroite avec les deux « affreux, sales et méchants » du département, Éric Ciotti, président du conseil général, et Christian Estrosi, député-maire de Nice (le préfet en question étant un ancien du cabinet ministériel de ce dernier).

Le film, lui aussi le fruit d’une indignation citoyenne, post-produit grâce à une souscription, est à la fois réjouissant et inquiétant. On aime ces militants qui se battent avec intelligence, quelle que soit leur couleur politique – car certaines de ces villes récalcitrantes sont UMP ! Mais il apparaît que le verrouillage antidémocratique opéré par les baronnies locales résiste à tout. Même au changement de majorité en 2012 et à la mutation du préfet !

Culture
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