Soupçonné de conflit d’intérêts, Aquilino Morelle perd pied

Michel Soudais  • 18 avril 2014 abonné·es

Illustration - Soupçonné de conflit d'intérêts, Aquilino Morelle perd pied - Aquilino Morelle au siège de campagne du candidat François Hollande en mai 2012 (FRED DUFOUR / AFP)

Il n’aura pas tenu longtemps. Un peu plus de vingt-quatre heures après les révélations de Mediapart l’accusant de conflit d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique lorsqu’il travaillait pour l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), Aquilino Morelle a annoncé à l’AFP sa démission de conseiller de l’Élysée, à 12 h 19.

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Un peu plus tôt dans la matinée , l’Igas, interrogée par l’AFP, avait clairement infirmé la version du conseiller élyséen, qui assurait sur sa page Facebook avoir obtenu « un avis favorable, sans aucune réserve » quand il entendait rejoindre en 2002 le cabinet de lobbying Euro RSCG pour y travailler pour le compte de plusieurs laboratoires pharmaceutiques :

« Le service n’a retrouvé dans les archives que les autorisations portant sur une activité d’enseignement à l’université Paris-I » , a indiqué l’Igas, précisant que, plus généralement, « il n’y a pas eu de demande d’autorisation portant sur les activités d’expertise ou de consultation au bénéfice de l’industrie pharmaceutique dans les années récentes ».

Sa démission était devenue inévitable. Jean-Christophe Cambadélis, nouveau premier secrétaire du PS, l’avait compris, qui déclarait ce matin sur Europe 1 :
« Si ce qui se dit est vérifié, je ne vois pas comment [Aquilino Morelle] peut rester ; mais, si ce n’est pas vrai, il faut une grande explication, que l’on puisse y voir clair. »
Si les relations du conseiller élyséen, qui avait rédigé en 2009 pour le ministre UMP Xavier Bertrand un rapport sur le Mediator, sont juridiquement répréhensibles, une autre scène, plus symbolique, rapportée par Mediapart , choquait jusque dans les rangs socialistes. Le site Internet décrit un Aquilino Morelle se faisant cirer ses nombreuses et luxueuses chaussures dans un salon de l’hôtel Marigny, tout proche de l’Élysée. Une image assassine pour celui qui inspira très largement le fameux discours du Bourget de janvier 2012 dans lequel François Hollande clamait que son « principal adversaire » était « le monde de la finance » et promettait de ramener l’argent au rang d’un « serviteur et non d’un maître » . Cet épisode et le parallèle avec la démission de Jérôme Cahuzac alimentent les commentaires sur les réseaux sociaux.

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