Mort de Rémi Fraisse : la piste d’une grenade des gendarmes privilégiée

Politis.fr  et  AFP  • 28 octobre 2014 abonné·es
Mort de Rémi Fraisse : la piste d’une grenade des gendarmes privilégiée
© Photo: Manifestante couchée sur le sol lors d'un rassemblement organisé le 27 octobre 2014 devant la préfecture d'Albi pour protester contre la mort de Rémi Fraisse (REMY GABALDA / AFP).

L’enquête sur la mort de Rémi Fraisse , dimanche sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn), privilégie la thèse d’un décès dû à une grenade offensive lancée par les gendarmes, après la découverte de traces de TNT sur ses vêtements, a annoncé mardi le procureur d’Albi. Une information qui conforte la thèse d’une responsabilité de l’Etat.

Lire > Barrage de Sivens : L’État mis en accusation

En réaction, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé à la presse peu après 18h qu’il suspendait l’utilisation des grenades offensives dans l’attente des résultats d’une enquête administrative, qui devrait rendre ses conclusions d’ici deux semaines.

«  On a retrouvé des traces de TNT sur certains scellés provenant des effets vestimentaires de la victime » , a annoncé le procureur Claude Dérens à la presse. Ces résultats d’analyses « orientent donc l’enquête puisque la mise en œuvre d’un explosif militaire de type ‘grenade offensive’ semble acquise au dossier » , a dit le magistrat. « Le TNT figure en effet dans la composition des charges des grenades lacrymogènes ou offensives utilisées par les gendarmes » , a précisé le procureur, lisant une déclaration écrite. En résumé, l’enquête « ne peut donc aujourd’hui exclure le rôle de la grenade offensive jetée depuis la redoute où s’étaient retranchés les gendarmes dans la nuit de samedi à dimanche » .

Le procureur d’Albi a annoncé qu’il se déssaisissait du dossier au profit du parquet de Toulouse. C’est en effet du ressort du pôle criminel de Toulouse d’instruire des faits commis par des militaires de la gendarmerie, dans le Tarn.

L’avocat de la famille de Rémi Fraisse , réagissant à la déclaration du procureur, Me Arié Alimi, a déclaré :
« L’hypothèse que nous soutenions depuis hier (lundi) se confirme. C’est bien une grenade offensive qui a été délibérément utilisée par les gendarmes dépendant du ministère de l’Intérieur et du ministère public. A la tragédie vécue par Rémi, et ses parents et ses proches, s’ajoute un véritable scandale sans précédent dont chacun devra tirer les conséquences, pour que plus jamais la violence d’État, sous toutes ses formes, ne puisse trouver encore à s’exercer. »
L’avocat a confirmé avoir déposé deux plaintes: l’une pour « homicide volontaire » et l’autre pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner » . Il a de plus diffusé une déclaration des parents de Rémi qui appellent à « ne pas répondre à la violence par la violence » . Ils refusent de s’exprimer directement ou plus amplement pour l’instant.

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