Redressement judiciaire pour la Marseillaise

Jean-Claude Renard  • 14 novembre 2014 abonné·es
Redressement judiciaire pour la Marseillaise
© Photo: GERARD JULIEN / AFP

C’est le journal lui-même qui l’annonce sur son site Internet : ce vendredi 14 novembre, la SA Seilpca, société éditrice de la Marseillaise , « sera mise sous la protection du tribunal de commerce de Marseille par une déclaration de cessation de paiement, avec demande de redressement judiciaire » . Jean-Louis Bousquet, directeur général du quotidien, explique que « la crise économique, doublée d’une crise de la presse et d’une chute brutale de la publicité, nous contraint à cette démarche pour préserver la continuité de notre titre » . Un titre fondé en 1943, dans la clandestinité, longtemps proche du Parti communiste et qui n’est adossé à aucun groupe financier ou industriel.

« Fort de notre histoire de 70 ans , poursuit Jean-Louis Bousquet, du dévouement de l’ensemble du personnel et de celui de nos lecteurs, nous avons la conviction que nous pouvons dominer cette épreuve, comme nous en avons dominé d’autres. *La Marseillaise continuera d’exister et restera le journal du Sud qui porte les idéaux progressistes de transformation sociale, en appui sur une information locale, départementale et régionale. C’est un défi qui s’ouvre à nous et que, ensemble, nous relèverons. »* Quasiment à l’équilibre en 2013, le journal table sur 1 à 1,5 million d’euros de pertes en 2014, a précisé Jean-Louis Bousquet à l’AFP, soulignant que depuis le 1er janvier dernier, son quotidien subit « une forte baisse de la communication institutionnelle, de la publicité et des annonces légales » .

Côté syndicat, déplore Jean-Marie Dinh, délégué SNJ-CGT , « la direction a cédé à une forme de précipitation qui nous surprend. Nous avons le sentiment qu’elle passe en force, au mépris du personnel. Elle ne nous a pas donné les informations que nous réclamons, notamment sur l’état du passif et de l’actif, et sur ses objectifs » .
La Marseillaise couvre six départements et emploie 213 personnes, dont environ 75 cartes de presse, selon son directeur. C’est d’ailleurs l’une de ses plumes, Philippe Pujol, qui recevait en mai dernier le prestigieux prix Albert Londres pour une série d’articles sur les quartiers de Marseille.

Au-delà des emplois , c’est aussi la question du pluralisme qui se pose, à l’heure où Bernard Tapie a déjà mis la main sur la Provence et vient de s’associer à la reprise de Nice-Matin .

Médias
Temps de lecture : 2 minutes