De bonnes raisons de ne pas désespérer de la France

À rebours du déclinisme ambiant, le livre de Guillaume Duval est résolument optimiste pour l’avenir du pays.

Thierry Brun  • 23 septembre 2015 abonné·es
De bonnes raisons de ne pas désespérer de la France
La France ne sera plus jamais une grande puissance ? Tant mieux !, Guillaume Duval, La Découverte, « Cahiers libres », 216 p., 17 euros.

Notre pays connaît indéniablement de sérieuses difficultés, mais il n’est pas pour autant devenu « l’homme malade de l’Europe », celui qui aurait tout faux dans tous les domaines, comme on l’entend si souvent. D’ailleurs, il y a d’autant moins lieu de regretter l’actuel rééquilibrage du monde que celui-ci est, en réalité, une excellente nouvelle, affirme Guillaume Duval.

L’économiste et rédacteur en chef du mensuel Alternatives économiques réfute ainsi l’avenir sombre décrit par les déclinistes à longueur de tribunes et de talk-shows. « Être le phare de l’univers, l’arbitre des élégances mondiales, n’implique pas que nous soyons condamnés à vivre plus mal dans le futur. Au contraire. » Il faut se rendre à l’évidence : il n’y a que peu de place pour un pays de 66 millions d’habitants dans un monde qui en compte déjà plus de cent fois plus. Il est donc urgent que les Français renoncent à des chimères qui ne font qu’empêcher le pays de se préparer efficacement à l’avenir.

Certes, depuis une trentaine d’années, la montée en puissance des pays émergents a contribué à déstabiliser notre modèle social. Ce mouvement a été d’autant plus violent et dommageable pour notre pays qu’il a accompagné le déploiement planétaire des multinationales. Celles-ci ont pu jouer sans vergogne les pays les uns contre les autres, tant sur le plan social qu’environnemental, « parce que le monde, après avoir choisi à la fin des années 1970 de libéraliser les échanges commerciaux et les flux de capitaux, a été incapable de se doter de règles globales dans ces domaines » .

Mais, même si nous ne le percevons pas encore clairement, nous sommes parvenus à un tournant, et les déséquilibres de la mondialisation « ne vont plus pouvoir perdurer », annonce Guillaume Duval. Conséquence de l’échec de la mondialisation libérale, un semblant de régulation internationale de l’action des multinationales commence à émerger, notamment en s’attaquant aux paradis fiscaux. À cela s’ajoute un mouvement de rééquilibrage de l’économie chinoise, les salariés ne supportant plus le dumping social et la dégradation de leur environnement. Enfin, le mode de vie occidental, très consommateur de ressources non renouvelables, et destructeur de l’environnement, n’est plus tolérable pour la planète. « Pour espérer survivre, l’humanité devra apprendre à produire et à consommer de manière radicalement différente au cours des prochaines décennies. » Or, l’Hexagone dispose de sérieux atouts pour cela. Optimiste, Guillaume Duval estime que la crise écologique peut devenir le moteur principal de la relance de l’intégration européenne.

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