Le revenu sans conditions est-il possible ?
Tous deux économistes de gauche, Jean-Marie Harribey et Baptiste Mylondo s’opposent sur la question du revenu d’existence, auquel le premier préfère la réduction du temps de travail et la redistribution.
dans l’hebdo N° 1377 Acheter ce numéro

© COFFRINI/AFP
Le débat autour du revenu d’existence universel et inconditionnel dépasse les clivages politiques traditionnels à gauche et touche à la question fondamentale de la place du travail dans notre société. Au travers de ce projet commun, qui suscite tant de prospectives et d’expérimentations politiques, c’est l’accès ou non au travail qui constitue une préoccupation majeure. Chacun des membres de notre société a droit à un travail et à un niveau de vie décents, nous rappelle la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par les Nations unies. Or, l’actualité donne de saisissantes illustrations de la non-application de ces droits. En France, le taux de chômage bat des records, les emplois précaires sont de plus en plus nombreux et la pauvreté s’accroît. Les analyses montrent aussi que, d’ici à vingt ans, plus de 40 % des métiers seront impactés par le numérique, l’automatisation et la robotisation. Trois millions d’emplois pourraient être détruits d’ici à la fin 2025. Tout cela s’inscrit dans une perspective de crise mondiale du capitalisme, souligne Jean-Marie Harribey, qui estime que la proposition d’un revenu inconditionnel n’est pas viable car le travail est indissociable de la création de valeur. Il n’y aurait pas d’autre solution, pour amorcer les transitions de notre société, que de réduire le temps de travail et les inégalités de revenus, nous dit-il. Au contraire, défend Baptiste Mylondo, le revenu inconditionnel est une belle innovation de gauche dans un monde dirigé par l’idéologie de la croissance, où l’emploi est précaire et mal partagé. Pour lui, le revenu inconditionnel favorise l’éclosion et l’essor des activités non marchandes ou insuffisamment rentables pour être légitimes. Le salaire garanti serait aussi un outil de dépassement du salariat. Il permettrait d’aborder le travail différemment. Chacun pourrait
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