Loi Travail : les députés rejettent la motion de censure

Michel Soudais  • 12 mai 2016
Partager :
Loi Travail : les députés rejettent la motion de censure
© Photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP PHOTO

Comme il était prévisible l’Assemblée nationale la motion de censure présentée par les députés LR et UDI a échoué à rejeter le projet de révision du droit du travail et à renverser le gouvernement. Seulement 246 députés l’ont approuvés loin de la majorité requise (288 voix). Le projet de loi El Khomri est donc adopté en première lecture.

Conformément à ce qu’ils avaient annoncé, les dix députés du Front de gauche, ainsi qu’un ultra-marin (Jean-Philippe Nilor) l’ont voté. Deux ex-PS, Pouria Amirshahi et Philippe Noguès, figurent parmi les votants, où l’on retrouve aussi les écologistes Isabelle Attard et Sergio Coronado. Aucun membres du groupe socialiste ou apparenté ne l’a voté (voir le [détail du scrutin](http://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/(legislature)/14/(num)/1270).

« Notre censure du gouvernement et du projet de loi Travail n’a évidemment rien à voir avec les motivations de la droite [qui] s’apprête à voter contre un texte qu’elle aurait rêvé d’écrire », a insisté le communiste André Chassaigne, président du groupe GDR, en rappelant que c’était « l’unique moyen de rejeter ce texte », lors du débat précédant le vote. 

LIRE > Pourquoi il faut voter la censure

Deux heures durant dans un hémicycle déserté par plus de la moitié des députés, et tout particulièrement les députés socialistes, chaque groupe s’est exprimé par la voix d’un unique orateur, le plus souvent son président.

Curieusement, c’est un député favorable au texte, Christophe Cavard, que les écologistes avaient dépêché alors que dix d’entre eux (sur seize) avaient signé hier la « motion des gauches et écologistes ». Celui-ci est venu expliquer qu’« une très grande majorité de [son] groupe ne votera pas cette motion de censure », « une impasse », a-t-il dit. Avant d’estimer que « le seul mérite de cette séquence aura été de nous rappeler que le véritable chantier est ailleurs, dans la réforme d’institutions déséquilibrées, usées, dépassées ».

En réponse aux différentes explications de vote, le Premier ministre Manuel Valls aura davantage attaqué la gauche que la droite. Revenant sur la tentative manqué de présenter une motion « de gauche », hier, le Premier ministre a lancé : « Je ne laisserai pas détruire la gauche de gouvernement. » Si cette dernière emploie encore les mots de la gauche, elle a de plus en plus le goût de la droite.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Appel des intellectuels de 1995 : « Bourdieu a amendé notre texte, en lui donnant une grande notoriété »
Entretien 4 décembre 2025 abonné·es

Appel des intellectuels de 1995 : « Bourdieu a amendé notre texte, en lui donnant une grande notoriété »

L’historienne Michèle Riot-Sarcey a coécrit avec quatre autres chercheur·es la première version de l’Appel des intellectuels en soutien aux grévistes, alors que le mouvement social de fin 1995 battait son plein. L’historienne revient sur la genèse de ce texte, qui marqua un tournant dans le mouvement social en cours.
Par Olivier Doubre
L’Appel des intellectuels en soutien aux grévistes de 1995, tel que rédigé initialement
Histoire 4 décembre 2025

L’Appel des intellectuels en soutien aux grévistes de 1995, tel que rédigé initialement

Ce texte fut ensuite amendé par certains militants et grandes signatures, en premier lieu celle de Pierre Bourdieu. Mais les cinq rédacteurs de sa première version – qu’a retrouvée Michèle Riot-Sarcey et que nous publions grâce à ses bons soins – se voulaient d’abord une réponse aux soutiens au plan gouvernemental.
Par Olivier Doubre
À Toulouse, pour François Piquemal, « la victoire passe par l’union »
Entretien 3 décembre 2025 abonné·es

À Toulouse, pour François Piquemal, « la victoire passe par l’union »

Candidat à Toulouse pour les prochaines municipales, le député insoumis de Haute-Garonne promet de faire des quartiers populaires une priorité de campagne. Et appelle à l’union de la gauche derrière lui.
Par Lucas Sarafian
Municipales : entre LFI et le PS, la guerre totale est lancée
Enquête 3 décembre 2025

Municipales : entre LFI et le PS, la guerre totale est lancée

Les socialistes accusent les mélenchonistes de vouloir ravir les grandes villes qu’ils dirigent. Les insoumis leur rétorquent que la gauche ne leur appartient pas. Derrière 2026, la guerre du leadership en vue de 2027 a commencé.
Par Lucas Sarafian