Benoît Hamon fait battre le cœur de Japy

Le candidat de l’aile gauche à la primaire socialiste, a rassemblé 2 500 personnes mercredi soir au gymnase Japy, à Paris, notamment des jeunes, pour son premier grand meeting de campagne.

Pauline Graulle  • 15 décembre 2016
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Benoît Hamon fait battre le cœur de Japy
© Photo : bertrand GUAY / AFP

Vérifications des sacs, état d’urgence oblige. Il y avait la queue dehors, le long du boulevard Voltaire. Hier soir, le gymnase Japy, Paris 11e, était bien rempli. 2 500 personnes, « sans mentir », dit un organisateur. À la tribune, le chauffeur de salle, égrène la trentaine de soutiens parlementaires : Régis Juanico, Pascal Cherki, Barbara Romagnan ou Michel Pouzol, mais aussi Mathieu Hanotin, le directeur de campagne, et Alexis Bachelay, le porte-parole. Les eurodéputés Isabelle Thomas et Guillaume Balas sont excusés, retenus à Bruxelles. Yvette Roudy, ancienne ministre du droit des femmes, ou Pauline Véron, adjointe d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, apparaissent sur les écrans géants qui encadrent la scène.

Certes, les fameux « ténors » socialistes manquent à l’appel. Mais les anciens d’Un monde d’avance, le courant de l’aile gauche jadis animé par le député de Trappes, sont fidèles au poste. Et puis, faute d’« éléphants », on mise sur le renouveau et la jeunesse. Cœur de cible : les jeunes actifs, citadins. Catégorie sociale supérieure. « Bobos », diront certains. La sauce prend bien à Paris et dans les communes gentrifiées de Montreuil ou Pantin, moins en Seine-Saint-Denis, confie-t-on dans l’entourage du candidat.

Dans cette salle dont l’âge moyen doit tutoyer les 40 ans, on trouve beaucoup de militants socialistes venus soutenir l’ancien président du MJS, mais pas que. Il y a aussi Caro, qui va voter pour Jean-Luc Mélenchon, mais qui est « venue voir », emmenée par une amie. Et puis le profil « graphiste », pas spécialement politisé, qui bosse en indépendant et doit gérer avec la précarité du statut, et que le passage de Benoît Hamon à « l’Emission Politique », la semaine dernière, sur France 2, a attiré au gymnase.

Dans la perspective d’attirer ce genre de public, la référence partisane a été sciemment oubliée. Le logo du PS a totalement disparu des visuels de campagne, qui préfèrent déployer le slogan « Faire battre le cœur de la France » en blanc sur fond rouge ou bleu. Et d’ailleurs, on répète à l’envi la formule que Benoît Hamon « ne sera plus jamais socialiste sans être écologiste ». A bon entendeur…

Roboratif

Il est un peu plus de 21 heures, arrivée triomphale du candidat . « La salle est pleine à craquer, la prochaine fois, on prendra plus grand ! », lance Benoît Hamon derrière son pupitre, avant de moquer la collecte de fonds VIP d’Emmanuel Macron. Lui préfère des « formats modestes – pas low cost », précise-t-il. Un remerciement particulier pour les « Trappistes » (habitants de Trappes) venus en nombre soutenir leur élu et le candidat à la primaire inaugure son discours par deux thèmes d’actualité non prévus au programme : Alep, où « meurent nos frères et sœurs », et l’eurogroupe « qui vient de prendre une décision scandaleuse contre la Grèce ».

Le premier point, « crime contre l’humanité », permet de rappeler « le courage de Mitterrand quand, à Sarajevo, il est venu s’interposer entre les balles serbes et bosniaques » et de décliner les propositions du candidat sur la politique migratoire. L’occasion de dire la « honte [qu’il a] ressentie quand un Premier ministre issu des rangs de la gauche [Manuel Valls, NDLR] est allé tancer une chancelière allemande conservatrice pour lui dire de ne pas en faire autant en matière d’accueil des réfugiés ».

L’affaire de l’eurogroupe permet de rappeler, face aux eurosceptiques de tous poils, notamment Arnaud Montebourg, qu’il ne croit pas à la « stratégie de la vaisselle cassée » mais plaide pour la réorientation de l’UE via la construction d’alliances avec les gauches européennes: « Oui, c’est compliqué l’Europe. Mais je ne renonce pas à l’idée de fabriquer ensemble de la démocratie, de la solidarité. »

À lire >> Benoît Hamon : « Je ne crois plus dans le mythe de la croissance ! »

Lunettes à montures noires sur le nez, micro-casque près de la bouche, le candidat s’avère un peu trop intello pour être excellent orateur. Près de deux heures de discours, mais il a trop à dire : sur la raréfaction structurelle du travail, les perturbateurs endocriniens, la restructuration des dettes européennes, le réchauffement climatique, le revenu universel d’existence, l’économie sociale et solidaire, la biodiversité, l’évasion fiscale, la démocratie, le numérique, la santé… Propositions les plus applaudies : l’abrogation de la loi Travail et le droit de vote des étrangers. A gauche toute pour l’économie, mais aussi pour le sociétal. Le ton est donné.

Politique
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