Amnesty International alerte sur un trafic d’armes et des crimes de guerre en Irak

L’organisation de défense des droits de l’Homme alerte sur les crimes de guerre en Irak permis par le trafic d’armes venues des Etats-Unis, de Russie, d’Iran et d’Europe de l’Est.

Hugo Boursier  • 5 janvier 2017
Partager :
Amnesty International alerte sur un trafic d’armes et des crimes de guerre en Irak
© Photo: Combattants des Unités de mobilisation populaire contre l'EI, dans la région de Tikrit, en mai 2015 (AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

Alors que l’armée irakienne a repris les combats à Mossoul contre l’organisation Etat Islamique le 29 décembre, comme le signalait le général de l’armée Nejm Djabouri à l’agence de presse Reuters, Amnesty International, dans un rapport publié le 5 janvier, dénonce de _« graves violations », comme des « disparitions forcées, des enlèvements, de la torture, des exécutions sommaires et la destruction délibérée de biens civils » commises à l’encontre des civils par les milices qui accompagnent les forces gouvernementales sur le terrain.

« Violations systématiques »

Cette coalition paramilitaire, appelée « Unités de mobilisation populaire », est créée en juin 2014 après la chute de Mossoul. Elle regroupe 40 à 50 milices, majoritairement chiites. Les travaux réalisés par Amnesty montrent qu’au moins quatre d’entre elles ont commis de « graves violations des droits humains ». Sont visés l’Organisation Badr (Munathamat Badr ), la Ligue des vertueux (Asaib Ahl al Haq), les Brigades Hezbollah (Kataeb Hezbollah) et les Brigades de la paix (Saraya al Salam).

Amnesty International avait déjà signalé en octobre 2016 les conditions difficiles pour les civils, coincés entre l’EI et les forces irakiennes. Ce nouveau document donne la parole aux victimes, comme cet étudiant de 20 ans qui a été kidnappé par des _« civils et d’autres en uniforme militaire, dont certains portant des insignes des Unités de mobilisation populaire ». Il raconte :

J’ai passé sept semaines sous la torture ; ils voulaient me faire avouer que j’appartenais à Daesh [EI]. J’étais détenu avec environ 30 personnes dans une école… Nous avons tous été frappés à coups de baguettes et de câbles métalliques. Ils m’ont fait subir des décharges électriques.

Un suivi incertain

Plus de cent types d’armes circulent en Irak dans les mains des « Unités de mobilisation populaire ». Fabriquées dans au moins 16 pays, les Etats-Unis et la Russie sont les premiers fournisseurs de l’Irak. Un trafic d’armes intensifié par le manque de suivi de la part de l’armée et un conflit qui évolue rapidement. Pour Patrick Wilcken, chercheur au Contrôle des armes et droits humains à Amnesty International, les fournisseurs d’armes « doivent user de leur influence » pour que les autorités irakiennes imposent un plus grand contrôle.

L’Iran, allié actif des milices chiites en Irak, apporte un soutien financier mais aussi militaire. Des livraisons d’armes qui vont à l’encontre de la résolution de l’ONU de 2015, interdisant les exportations sans autorisation préalable du Conseil de sécurité. Pour le chercheur, « l’Iran risque de se rendre complice de crimes de guerre ».

Monde Police / Justice
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Chili : « La gauche au gouvernement pourrait perdre contre la droite pinochetiste »
La Midinale 14 novembre 2025

Chili : « La gauche au gouvernement pourrait perdre contre la droite pinochetiste »

Dimanche aura lieu le premier tour de l’élection présidentielle au Chili. Jeanette Jara, ministre du travail sortante, membre du Parti communiste et à la tête d’une coalition de gauche qui gouverne aujourd’hui, fera face au très conservateur José Antonio Katz. Julian Calfuquir, doctorant en économie spécialiste de l’Amérique latine, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
13-Novembre : « On a focalisé le procès sur la question de la religion »
Entretien 13 novembre 2025 abonné·es

13-Novembre : « On a focalisé le procès sur la question de la religion »

Les audiences avaient duré dix mois et réuni une centaine de parties civiles. En septembre 2021, vingt accusés comparaissaient devant la cour d’assises spéciale de Paris dans le procès des attentats du 13 novembre 2015. Maître de conférences en science politique, Antoine Mégie a mené, avec trois coautrices, une enquête au long cours sur le procès.
Par Olivier Doubre
Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »
Entretien 12 novembre 2025 libéré

Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »

Un mois après le « plan de paix » de Donald Trump, le journaliste palestinien appelle les médias à ne pas abandonner Gaza, où les habitants sont entrés dans une phase de « non-vie ».
Par Kamélia Ouaïssa
Déportation de Salah Hammouri : la compagnie aérienne El Al visée pour complicité dans une plainte
Justice 11 novembre 2025 abonné·es

Déportation de Salah Hammouri : la compagnie aérienne El Al visée pour complicité dans une plainte

L’avocat franco-palestinien a déposé plainte pour crimes de déportation, persécution et ségrégation. Parmi les mis en cause, la compagnie aérienne israélienne ayant procédé à sa déportation en décembre 2022.
Par Pauline Migevant