Dette : La Grèce paye encore et toujours

L’Eurogroupe exige d’Athènes des mesures toujours plus drastiques.

Erwan Manac'h  • 12 avril 2017 abonné·es
Dette : La Grèce paye encore et toujours
© photo : Giorgos Georgiou/NurPhoto/AFP

L’Eurogroupe outrepasse une nouvelle fois les limites de l’aveuglement dogmatique sur le dossier grec. Le scénario qui vient de se dérouler dans le huis clos des 19 ministres des Finances de la zone euro est le même que celui qui se répète depuis sept ans : pour rembourser ses dettes (7 milliards d’euros avant l’été), Athènes a besoin d’une tranche du prêt de 86 milliards ­d’euros promis par ses créanciers en juillet 2015 en contrepartie de l’austérité. Mais ces derniers poussent le chantage jusqu’à son extrême limite en exigeant des mesures toujours plus drastiques. « L’accord » accepté vendredi 7 avril par la Grèce prévoit ainsi une quatorzième baisse des pensions de retraite en sept ans et de nouvelles hausses d’impôts. Il y a dans ce projet « des choses qui vont déplaire aux [Grecs] », a euphémisé le ministre des Finances, Euclide Tsakalotos, à la sortie de la réunion.

Au total, Athènes est sommée de dégager des économies supplémentaires de plus de 3,6 milliards ­d’euros pour ramener son budget à un excédent primaire (avant paiement de la dette) de 3,5 %. Une exigence inatteignable au regard des coups portés depuis sept ans par ces mêmes créanciers à l’économie du pays. Au regard, aussi, du « laxisme » que s’autorisent les autres États européens : la France, elle, a un solde de –1,5 %.

Comme dans un éternel recommencement, la question de l’allégement de la dette, qui a atteint 177 % du PIB grec en 2015, est remise à une échéance ultérieure. C’était pourtant une promesse de l’accord conclu en juillet 2015.

Le Fonds monétaire international (FMI), en échange du durcissement de l’austérité, préconise un allégement substantiel. Cette nouvelle reddition d’Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, ouvre donc la voie au retour de l’institution de ­Washington dans le tour de table. Mais ­l’Allemagne, principal créancier de la Grèce, refuse d’envisager un rééchelonnement avant ses élections fédérales, prévues fin septembre.

Par ailleurs, en dépit du fait qu’Athènes accepte de se plier aux exigences de ses créanciers, ces derniers attendent de « finaliser les détails » des réformes pour lever la tranche de crédit promise. Alexis Tsipras, politiquement très affaibli, tenait à cet accord pour s’éviter la bronca de l’opposition. Il doit désormais le faire adopter par sa courte majorité (153 députés sur 300). Tandis que 21 % des Grecs vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Seuil qui, selon l’Institut du travail grec, a lui-même diminué d’un quart depuis 2007, à 372 euros par mois, en raison de la baisse des salaires.

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