« Le Bureau des légendes » : Comment raconter le réel en temps réel ?

Depuis 2015, Canal + consacre au contre-espionnage une série qui frappe par sa quasi simultanéité avec l’actualité.

Ingrid Merckx  • 21 juin 2017
Partager :
« Le Bureau des légendes » : Comment raconter le réel en temps réel ?
© photo : Frédéric Stucin

Le titre fait rêver. Ce qu’il dissimule aussi : un département très secret des services de renseignement français dédié à la fabrication de « légendes », soit des identités fictives destinées à être incarnées par des agents de la Direction générale des services extérieurs (DGSE). Depuis 2015, Canal + consacre au contre-espionnage une série qui frappe par sa manière de faire exister une tension narrative dans un cadre quasi simultané à l’actualité. Créé et piloté par Éric Rochant, Le Bureau des légendes, dont la saison 3 est en cours de diffusion, est plus proche d’un Homeland que d’un 24 heures chrono. Mais avec une spécificité qui tient peut-être plus aux auteurs qu’à un style français à opposer à ces séries américaines : les agents de la DGSE y apparaissent avec leurs forces et leurs faiblesses. Les techniques utilisées semblent plus proches du possible que de l’invraisemblable. S’y exprime aussi la volonté de « défantasmer » Daech. Le Bureau des légendes arrive à point nommé à l’heure où des services de renseignement de pointe vaudraient tellement mieux qu’un état d’urgence permanent.

Si cette série ménage une chambre d’écho aux conflits contemporains, elle a pour originalité de donner une belle place à l’homme, à sa psychologie, à sa résistance et à ses sentiments, dans un univers aux mains de la technique et traversé par des violences inédites.

À lire dans ce dossier :

Une fiction terriblement d’actualité

Éric Rochant : « Le risque est de jouir de la violence »

• Ainsi s’installe la légende…

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don