Le populisme : Projet politique ou tactique électorale ?

La campagne populiste de Jean-Luc Mélenchon interpelle une gauche mal en point, qui cherche des voies nouvelles pour renouer avec les préoccupations politiques et sociales actuelles.

Pauline Graulle  • 13 septembre 2017 abonné·es
Le populisme : Projet politique ou tactique électorale ?
© photo : BERTRAND LANGLOIS/ AFP

Partir de rien (ou presque), terrasser les partis historiques et s’imposer, en un an, comme le seul et unique leader crédible de l’opposition. Jean-Luc Mélenchon a peut-être perdu la présidentielle, mais il a réussi son aventureux pari. Plus affaiblis que jamais, le PCF, les Verts et l’aile gauche du PS sont au pied du mur, contraints à l’introspection, mais aussi à la comparaison : et si le positionnement populiste de la France insoumise expliquait les exploits de son chef ? Dans quelle mesure lui emboîter le pas ou, au contraire, s’en démarquer, pour continuer d’exister et, peut-être, un jour, rivaliser ?

Si le sujet ne quitte plus les débats, l’heure est plutôt à la prise de distance : « Je ne crois pas à la nécessité d’une parenthèse “populiste”, fût-elle baptisée “de gauche” », lançait le patron des communistes, Pierre Laurent, fin août, devant des troupes en quête de réconfort après une séquence électorale pénible (lire Politis n° 1467). « Le populisme […] constitue un exutoire qui soulage sur le moment mais n’offre pas de perspective solide et durable », martelait, de même, le secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts, David Cormand, lors du conseil fédéral du parti, le week-end dernier.

Astuce

Populisme : le mot a tout pour devenir l’énième ligne de fracture à gauche. Et pour cause : jusqu’alors réservé à l’extrême droite et à quelques olibrius (les Trump et autres Beppe Grillo), le sulfureux qualificatif est, en un temps record, devenu un substantif acceptable. Revendiqué, même, par l’ex-chef de file du Front de gauche, que ses lectures des travaux d’Ernesto Laclau et, surtout, de la veuve du philosophe argentin, la politologue Chantal Mouffe [1], ont fini de décomplexer.

« Par sa matrice trotskiste, sa fascination pour la Révolution française, mais aussi par sa connaissance des mouvements latino-américains et du chavisme, cela faisait des années que Jean-Luc était habité par la question “comment les peuples entrent-ils en mouvement contre l’oppression ?” », raconte Christophe Ventura, spécialiste de l’Amérique latine, qui a joué un temps les go between entre le politique et la chercheuse belge. « Alors, quand il a rencontré Chantal Mouffe, en 2013, et qu’il s’est aperçu que la manière dont il

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Politique
Publié dans le dossier
Le populisme peut-il sauver la gauche ?
Temps de lecture : 12 minutes