470 associations lancent les États généraux des migrations

Des nombreux acteurs associatifs s’allient pour peser contre la politique migratoire actuelle et devenir force de proposition.

Malika Butzbach  • 21 novembre 2017
Partager :
470 associations lancent les États généraux des migrations
© Photo : PHILIPPE HUGUEN / AFP

Sur les questions migratoires, le monde associatif vient de se regrouper sous la même bannière. Ce mardi 21 novembre, d’une même voix, 470 associations et collectifs d’aide aux migrants ont annoncé le lancement des États généraux des migrations. L’initiative comprend une large concertation nationale afin de permettre aux acteurs locaux d’être force de proposition, se posant ainsi en alternative à la politique migratoire actuelle. De la Cimade à Emmaüs en passant par La Roya citoyenne ou les associations calaisiennes, tous s’opposent au projet de loi Asile et migration du gouvernement, qui retranscrit selon eux les six premiers mois d’une politique détestable.

Un harcèlement policier

Les témoignages des associations de terrain présentes lors de la conférence de presse se font l’écho d’un bilan sévère de la politique migratoire d’Emmanuel Macron. De Paris à Nice, on critique l’augmentation des effectifs policiers qui harcèlent les migrants. Militante du collectif parisien Les P’tit dej à Flandres, Bénédicte Chauvet raconte les migrants, réveillés en pleine nuit par la police qui les empêche de dormir. « Un jeune Afghan m’a demandé ce que voulait dire « Allez, debout ». C’est la phrase que leur hurlent les policiers la nuit. » Pierre-Alain Mannoni, de Solidarité Migrants 06, condamné pour délit de solidarité à Nice, parle de _« scène de guerre » :

Il y a des militaires, non plus des policiers, qui se relaient à la frontière franco-italienne. Mais ces augmentations d’effectifs ne découragent pas les gens de passer, en revanche, ils font prospérer les systèmes des passeurs.

« Un front uni pour dire stop »

« La région est devenue un lieu de passage important, explique Michel Rousseau du mouvement citoyen Tous migrants de Briançon. Entre le 1er juillet et le 10 novembre, nous avons accueilli 1696 personnes. » Preuve aux yeux des associations qu’un accueil digne et inconditionnel est possible. Pourtant ce n’est pas ce vers quoi tend le gouvernement avec le projet de loi Asile et migration, analyse Jean-Claude Mas de la Cimade. Ce projet repose sur « une politique répressive et de tri », notamment par l’instauration de la notion de pays tiers sûrs, qui compliquerait l’accès à la demande d’asile. « Aujourd’hui, nous présentons un front uni pour dire stop », ajoute-t-il. En juin dernier, les associations avaient appelé à un « changement radical de politique migratoire en France ». Si elles avaient été reçues à l’Élysée, la concertation n’avait rien donné, si ce n’est le plan migrant du gouvernement, annoncé le 12 juillet.

À lire aussi >> Plan migrants et dissuasion migratoire : Gérard Collomb ignore l’urgence

Sensibiliser l’opinion publique

L’opposition à la politique migratoire actuelle passe donc par des propositions alternatives : le 18 décembre, Journée internationale des migrants, des cahiers de doléances commenceront à être noircis, aussi bien par les aidants bénévoles que par les migrants, premiers concernés. Des concertations décentralisées se tiendront aussi sur le territoire, afin de faire remonter ces propositions. « Nous voulons un mouvement citoyen, explique Nathalie Péré-Marzano, déléguée générale d’Emmaüs. Nous comptons aussi sur tous les citoyens sympathisants pour être force de propositions. » Une manière de s’organiser politiquement, estime Cédric Herrou, de La Roya citoyenne, car _« pour sensibiliser l’État, il faudra sensibiliser l’opinion publique ». Toutes les associations sont unanimes : il faut passer à une action politique en dehors de l’aide quotidienne.

Société
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives
Reportage 6 décembre 2025 abonné·es

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives

Sur la plage de Gravelines, lieu de départ de small boats vers l’Angleterre, des militants d’extrême droite britannique se sont ajoutés vendredi 5 décembre matin aux forces de l’ordre et observateurs associatifs. Une action de propagande dans un contexte d’intimidations de l’extrême droite. Reportage.
Par Pauline Migevant et Maxime Sirvins
« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN
Récit 5 décembre 2025

« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN

À chaque événement public où se trouve Daniel Grenon, la militante d’Extinction Rebellion brandit une pancarte rappelant que « le racisme est un délit ». Un acte pour lequel elle a été convoquée plusieurs fois au commissariat et reçu un avertissement pénal probatoire.
Par Pauline Migevant
Comment le RN a monté en épingle l’enfarinement de Bardella pour s’attaquer aux syndicats
Analyse 5 décembre 2025 abonné·es

Comment le RN a monté en épingle l’enfarinement de Bardella pour s’attaquer aux syndicats

Après avoir qualifié son enfarinement de « non-événement », Jordan Bardella et des députés du Rassemblement national ont été jusqu’à interpeller le ministre de l’Éducation nationale pour infamer les « syndicats d’extrême gauche » qui encourageraient « la violence politique ».
Par Pauline Migevant
À Rennes, l’errance des mineurs isolés, abandonnés par l’État
Reportage 5 décembre 2025 abonné·es

À Rennes, l’errance des mineurs isolés, abandonnés par l’État

Plus de 3 200 jeunes étrangers attendent en France qu’un juge reconnaisse leur minorité. Pendant des mois, ces adolescents vivent à la rue, sans école ni protection. À Rennes, des bénévoles tentent de combler les failles d’un système qui bafoue les droits fondamentaux de l’enfant.
Par Itzel Marie Diaz