Lula en prison, et plus que jamais en campagne

L’ex-président du Brésil a transformé l’événement de son incarcération en un acte politique à audience internationale.

Patrick Piro  • 8 avril 2018
Partager :
Lula en prison, et plus que jamais en campagne
© Bain de foule pour Lula lors de la messe en mémoire de sa femme Marisa décédée il y a un an. Fabio Vieira/FotoRua/NurPhoto

Lula a fini par se rendre à la police fédérale à l’heure de son choix, dans la nuit de samedi, pour être incarcéré dans la ville de Curitiba (au Sud du pays), ultime acte en date d’un harcèlement judiciaire engagé en septembre 2016. Condamné à 12 ans et un mois de prison pour des faits de corruption qu’il nie toujours farouchement, et que la justice n’a pas formellement prouvé, il a transformé l’événement en un acte public à grand spectacle, visant à exacerber ce que la gauche unanime présente comme une cabale anti-démocratique.

Après s’être retranché à São Bernardo do Campo, banlieue industrielle de São Paulo, dans le local du syndicat où, ouvrier métallo, il a entamé sa mythique carrière politique, Lula a d’abord bravé l’ultimatum du juge Moro, qui avait fixé l’heure limite de sa reddition vendredi à 17h (22h en France). Alors qu’affluaient des milliers de personnes pour faire cordon et empêcher son arrestation, le vieux lion a ensuite négocié de pouvoir assister à une messe à la mémoire de son épouse Marisa, décédée il y un an.

Entouré de ténors du Parti des travailleurs (PT) dont il est le fondateur, mais aussi d’autres personnalités de gauche telles que Guilherme Boulos (PSOL), il a distillé en direct, des heures de suspens national et international sur sa décision, scandées de discours politiques. Autant dire un sommet de sa campagne électorale : Lula est plus que jamais candidat à la présidentielle, de loin en tête des sondages, et sa théâtrale mise sous écrou qui, à ce stade, ne l’empêche pas de concourir pourrait leur donner un coup de fouet.

Police / Justice Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« J’ai honte de ce que j’ai fait » : devant la justice antiterroriste, les premiers procès des Françaises de Daech rapatriées
Justice 15 décembre 2025 abonné·es

« J’ai honte de ce que j’ai fait » : devant la justice antiterroriste, les premiers procès des Françaises de Daech rapatriées

Ces Françaises ont vécu presque dix ans en Syrie. Elles sont restées dans les rangs de l’État Islamique jusqu’à la chute de l’organisation terroriste et ont ensuite été détenues pendant plusieurs années dans des camps. La France les a finalement rapatriées avec leurs enfants. Aujourd’hui, ces mères de famille comparaissent devant la cour spéciale d’assises de Paris.
Par Céline Martelet
À Mayotte, la police aux frontières expulse la mère d’un enfant en soins palliatifs
Reportage 15 décembre 2025 abonné·es

À Mayotte, la police aux frontières expulse la mère d’un enfant en soins palliatifs

Placé en soins palliatifs pour une hépatite A fulminante, N. a failli mourir seul. La raison : la police aux frontières de Mayotte avait choisi ce moment pour expulser sa mère Fatima, d’origine comorienne.
Par Christophe Decroix
« La Syrie sous Assad était un régime du silence »
Entretien 8 décembre 2025 abonné·es

« La Syrie sous Assad était un régime du silence »

Un an jour pour jour après la chute du régime de Bachar Al-Assad, Arthur Sarradin, journaliste et écrivain, revient sur les traumatismes d’une Syrie effondrée après quatorze années de guerre civile.
Par William Jean
En Syrie, le récit des survivantes de l’enfer carcéral
Syrie 8 décembre 2025 abonné·es

En Syrie, le récit des survivantes de l’enfer carcéral

Il y a tout juste un an, le régime Assad tombait. Pour faire plier ses opposants, il avait eu recours à l’emprisonnement des femmes. Comme les hommes, elles ont été torturées, affamées et pour beaucoup violées. Elles sont aujourd’hui largement invisibilisées et très souvent rejetées parce que considérées comme salies.
Par Bushra Alzoubi et Céline Martelet