Décolonisation inachevée

À Mayotte, en Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie, quelle place réserve la France de la Déclaration des droits de l’homme à une culture injustement méprisée pendant plus d’un siècle, qui aspire à la reconnaissance et à l’égalité ?

Gilles Wullus  • 23 mai 2018
Partager :
Décolonisation inachevée
© photo : Le 5 mai, Emmanuel Macron assiste à une cérémonie traditionnelle à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.Ludovic MARIN / AFP

En visite dans l’océan Indien le 15 mai, la ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, après avoir annoncé un plan d’aide de 1,3 milliard d’euros – parce que « Mayotte manque de tout » –, concluait son speech par une question qui, dans son esprit, devait peut-être relativiser la dépense : « Quel rôle pour Mayotte dans l’axe indo-pacifique que le président de la République appelle de ses vœux ? » Car, quand l’État investit dans une de ses dépendances d’outre-mer, c’est aussi pour la « grandeur » de la France. C’est une évidence dans l’esprit de cette ministre, quand bien même elle n’a encore aucune réponse à sa propre question.

© Politis

Si la France a aussi longtemps défendu son pré carré polynésien, c’est parce que ses atolls paradisiaques servaient aux essais nucléaires, comme le rappelle le député indépendantiste Moetai Brotherson. Ceux-ci étant révolus, qu’adviendra-t-il de ce territoire des antipodes maintenu dans la dépendance économique ?

Quant à la Nouvelle-Calédonie, elle hérite d’une histoire qui rappelle celle de l’Algérie : un peuple autochtone, les Kanaks, spolié aux XIXe et XXe siècles au profit d’une immigration européenne, mais qui représente aujourd’hui une part équivalente de la population de l’archipel. Si les accords de Matignon ont, depuis trente ans, apaisé les tensions qui avaient débouché sur une quasi-guerre civile et commencé à réduire les inégalités, la question demeure : quelle place réserve la France de la Déclaration des droits de l’homme à une culture injustement méprisée pendant plus d’un siècle, qui aspire à la reconnaissance et à l’égalité ?

À lire dans ce dossier :

Pour Mayotte, l’assimilation au prix fort

« En Polynésie, la souveraineté politique est envisageable »

Le combat des Kanaks pour l’égalité

Soutenez Politis, faites un don !

Envie de soutenir le journal autrement qu’en vous abonnant ? Faites un don et déduisez-le de vos impôts ! Même quelques euros font la différence. Chaque soutien à la presse indépendante a du sens.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Entre l’intersyndicale et la Nupes, l’occasion manquée
Luttes 31 mai 2023 abonné·es

Entre l’intersyndicale et la Nupes, l’occasion manquée

Alors que l’hiver et le printemps ont été marqués par le plus grand mouvement social de ces dernières décennies, la gauche et les syndicats n’ont que peu réussi à travailler ensemble. La faute, notamment, à une défiance réciproque.
Par Pierre Jequier-Zalc
Derrière les retraites, une bataille constitutionnelle
Parlement 30 mai 2023 abonné·es

Derrière les retraites, une bataille constitutionnelle

La proposition de loi du groupe Liot veut abroger la réforme de Macron pour remettre à plat notre système de retraite par « une vraie concertation ». Pour le gouvernement, prêt à s’y opposer par tous les moyens, c’est « inacceptable ».
Par Michel Soudais
« La stratégie de Darmanin rappelle celle des années 30 »
Démocratie 3 mai 2023 libéré

« La stratégie de Darmanin rappelle celle des années 30 »

Michaël Fœssel, philosophe et auteur de Récidive. 1938, se penche sur notre démocratie, qui semble plus fragilisée que jamais. Si, pour lui, Macron n’est pas Daladier, la stratégie du gouvernement prend parfois des allures inquiétantes des années d’avant la seconde guerre mondiale.
Par Olivier Doubre
Européennes : l’ombre de l’éparpillement à gauche 
Analyse 26 avril 2023 abonné·es

Européennes : l’ombre de l’éparpillement à gauche 

Les insoumis plaident pour une liste unique en 2024. Mais ils sont bien seuls : écologistes et communistes tenteront probablement leur chance en solitaire. Si leur appel à débattre de l’Europe n’est pas entendu, les socialistes se prépareront à se lancer séparément.
Par Lucas Sarafian