Irlande : la revanche des femmes

Le 25 mai, deux Irlandais sur trois ont exprimé un oui massif à la libéralisation de l’IVG.

Gilles Wullus  • 31 octobre 2018 abonné·es
Irlande : la revanche des femmes
© photo : JAMES FORDE / CENTER FOR REPRODUCTIVE RIGHTS / AFP-SERVICES

Longtemps lauréate du prix du pays le plus rétrograde pour les droits des femmes, l’Irlande a cédé sa place à… l’Irlande du Nord, où l’IVG reste quasiment interdite. Le 25 mai, deux Irlandais sur trois ont exprimé un oui massif à la libéralisation de l’IVG, soit la même proportion qui, trente-cinq ans plus tôt, dans un autre référendum, avait constitutionnalisé son bannissement. Le pays avait déjà attendu 1996 pour autoriser le divorce… Les Irlandaises reviennent de loin.

L’emprise de l’Église catholique a longtemps serré le pays dans un carcan rétrograde, où l’identité nationale se confondait avec un papisme militant. La fin du conflit nord-irlandais (1998) a apaisé les tensions nationalistes, mais des scandales ont aussi miné la position des prélats et des prêtres. Les couvents de la Madeleine (« Magdalene Laundries »), d’abord, où des milliers de jeunes femmes, sous le prétexte de « mœurs légères », furent enfermées, soumises au travail forcé, encadrées par des nonnes, jusqu’en 1996. Puis l’ampleur des crimes pédophiles du clergé, couverts par la hiérarchie.

Depuis 2017, l’Irlande est dirigée par un Premier ministre de centre-droit, gay et de père indien. Mais le référendum ne lui doit rien : il a été initié par des citoyens (lire Politis n° 1503, du 17 mai). La campagne fut un exemple de démocratie, elle a révélé combien les élites politiques et religieuses étaient dépassées par la société. La parole des femmes a été libérée, leur souffrance exposée, et in fine les hommes autant que les femmes ont dit oui.

Monde
Publié dans le dossier
10 bonnes nouvelles en Europe
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…


Franco : une récupération aux mille visages
Extrême droite 20 novembre 2025 abonné·es


Franco : une récupération aux mille visages

Quarante ans de dictature franquiste ont imprimé en profondeur la société espagnole. Son empreinte, décryptée par l’historien Stéphane Michonneau, pèse aujourd’hui sur le débat politique, en y insufflant les relents nauséabonds du fascisme. Même si le franquisme est maintenant poursuivi par la loi.


Par Olivier Doubre
« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »
Entretien 20 novembre 2025

« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »

Secrétaire d’État chargé de la mémoire démocratique, un portefeuille créé en 2020, Fernando Martínez López alerte sur les appétits dictatoriaux du parti d’extrême droite Vox et milite pour la connaissance des luttes en matière de droits fondamentaux.
Par Pablo Castaño
Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne
Monde 20 novembre 2025 abonné·es

Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne

Cinquante ans après la mort du dictateur, l’ancien roi Juan Carlos publie un livre de mémoires qui ravive les polémiques. Alors que le parti d’extrême droite Vox progresse, le pays oscille entre les conquêtes démocratiques d’une société transformée et les persistances d’un héritage franquiste.
Par Pablo Castaño
Vue d’Ukraine, l’« abstraction morale » de la gauche
Décryptage 19 novembre 2025 abonné·es

Vue d’Ukraine, l’« abstraction morale » de la gauche

Des militants ukrainiens appellent les partis européens aux valeurs pacifistes et antimilitaristes à se saisir des questions de défense, pour permettre à leur pays de continuer à résister à l’invasion russe, et pour les sociétés occidentales elles-mêmes.
Par Pauline Migevant