La mode éthique peut-elle remplacer la mode éphémère ?

Aujourd’hui dans #DéconfinonsLesIdées nous nous intéressons à la mode éthique (slow fashion). Contrairement à la mode éphémère (fast fashion), elle réfléchit de manière circulaire à toute la chaîne de création, production, distribution et transformation du textile. La mode éthique peut-elle changer nos habitudes de consommation ? Eléments de réponse avec Thomas Ebélé co-fondateur de la plateforme « sloweare », première communauté dédiée à la mode éthique.

Maeva Chirouda  • 8 juin 2020
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La mode éthique peut-elle remplacer la mode éphémère ?
© Photo : Alain Pitton / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Avec des nouveaux produits proposés toutes les deux semaines à des prix défiant toute concurrence, les grandes enseignes ont imposé ces dernières années une mode éphémère (ou fast fashion) dans nos placards. Et cette tendance à la surconsommation de vêtement n’est pas sans conséquence sur notre environnement. Selon un rapport WWF sur l’industrie de l’habillement et des textiles réalisé en 2017, ce secteur rejetterait 1,7 milliard de tonne de CO2 par an. Peut-on changer nos habitudes de consommation et revoir notre rapport avec la mode ? Entretien.

Comment définir au mieux le mouvement de mode éphémère ou slow fashion ?

Thomas Ebélé : Il existe une véritable pluralité de définitions. Pour certains, la mode éthique fera écho à une mode biologique et pour d’autres ce sera vraiment une question de savoir-faire comme l’artisanat traditionnel pour des entreprises qui sont labellisées EVP. Mais ce qui caractérise surtout la mode éthique, ce sont les valeurs éthiques centrées sur l’humain et l’environnement. Dans notre communauté sloweare, on essaie de trouver ce qui va être juste pour chacun, de la personne qui confectionne le produit jusqu’au consommateur.

Peut-on sensibiliser les consommateurs à la mode éthique sans tomber dans le greenwashing ?

Il est important de dire que la mode éthique n’est pas que de la responsabilité des marques, c’est aussi de la responsabilité des consommateurs. J’aime illustrer ces propos avec cette méthode qui s’appelle la « méthode bisou » qui permet de s’interroger sur l’utilité d’acheter de nouveaux vêtements : est-ce que j’en ai besoin ? Est-ce que c’est indispensable ? Est-ce que j’ai quelque chose de similaire dans mon dressing ? Est-ce que je connais l’origine du vêtement et est-ce que je vais vraiment en avoir l’utilité ? Cela permet de transformer l’achat d’un produit en un usage conscient car l’usage du produit est tout aussi important que la phase qui se déroule en amont.

Est-ce que la crise sanitaire peut permettre à la mode éthique de s’imposer ?

Durant le confinement les gens ont pris du temps, ils se sont recentrés sur eux-mêmes en redécouvrant le commerce local par exemple. Ils ont aussi commencé à regarder des produits qui sont plus en phase avec leurs valeurs. Il y a eu un début de changement de paradigme.

Idées
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