Le Louise-Michel contre le naufrage moral de l’Europe
Le navire affrété par l’artiste britannique Banksy a remis en lumière la faillite des États européens qui ne respectent pas l’obligation de sauvetage en mer des personnes exilées fuyant la Libye.
dans l’hebdo N° 1618 Acheter ce numéro

© Chris GRODOTZKI and Handout/M.V. LouiseMichel/AFP
Il se distingue par le rose de sa coque et son graffiti représentant une petite fille avec un gilet de sauvetage, tenant une bouée en forme de cœur. Ce nouveau navire de sauvetage, au secours des exilés en Méditerranée centrale, sur lequel naviguent des bénévoles, est venu rappeler aux États européens leurs obligations en matière de droit maritime.
Fin août, le Louise-Michel, baptisé en hommage à la militante anarchiste héroïne de la Commune de Paris, a secouru 219 personnes qui fuyaient la Libye. Affrété et peint par le célèbre artiste de rue britannique Banksy, le vaisseau est venu grossir la flotte de la société civile qui agit depuis 2014. C’est en effet à la fin de cette année-là que les opérations de sauvetage menées par les États européens ont été interrompues au motif qu’elles constitueraient un « appel d’air » pour la venue de personnes migrantes.
La première opération du Louise-Michel a été éprouvante, au point qu’aucun sauveteur n’a souhaité s’exprimer pour l’heure dans la presse. Après plusieurs jours de mer entassés sur des embarcations pneumatiques, les rescapés étaient exténués et choqués. « Beaucoup ont subi des brûlures provoquées par un mélange d’eau de mer et de gazole. C’est en particulier le cas des femmes et des enfants, qui se tenaient à l’intérieur du canot, alors que les hommes étaient au bord », raconte Marie, membre à terre du Louise-Michel. « Et il y avait un cadavre à bord », ajoute-t-elle.
L’équipage du bateau de 31 mètres a dû ajouter à ses côtés un radeau de survie