Centres d’appels : Les plans secrets de Free

2021 se profile comme une année charnière pour le groupe de Xavier Niel, avec une compression importante des effectifs dans les centres d’appels, dont l’avenir est désormais incertain.

Erwan Manac'h  • 7 avril 2021
Partager :
Centres d’appels : Les plans secrets de Free
© Joël Saget/AFP

Bosser dans les centres d’appels, « c’est le pire des jobs », déclarait le fondateur de Free, Xavier Niel, en 2016, en réaction aux révélations de Politis sur le système managérial déployé dans ses établissements. Le « trublion des télécoms » n’est pas du style à feindre la compassion envers les 2 200 téléconseillers qui travaillent en France pour sa marque. Il a plus d’égards pour son taux de marge et la compétitivité de son offre du moment, sur le marché hyperconcurrentiel des télécoms.

2021 se profile comme une année charnière pour son groupe, avec une compression importante des effectifs dans les centres d’appels, dont l’avenir est désormais incertain. Officiellement, cette cure d’amaigrissement est due à l’arrivée de l’intelligence artificielle et à une meilleure fiabilité du réseau. Mais les documents et témoignages que nous révélons racontent une autre histoire. Celle d’un projet d’« ubérisation » déployé secrètement, d’un mouvement de délocalisation et d’une sous-traitance qui ressemble à une mise au pas d’un centre jugé « sensible » par la direction.

Que peut la justice pour protéger les emplois en France, avec des lois de plus en plus propices aux manœuvres ? Que pèse le sort des salariés face aux consommateurs en quête de prix plancher et d’un service de qualité ? Qui peut contrarier la volonté de Xavier Niel, lorsqu’il se drape derrière les lois du marché et leur mathématique implacable ? Nos révélations lèvent le voile sur la réalité de cette industrie du « bas coût », qui est parvenue à banaliser des conditions de travail inhumaines. Une situation que nous devons moins au culot de quelques riches personnages qu’à des générations d’élus, qui n’ont d’autre ambition que de les laisser faire.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives
Reportage 6 décembre 2025 abonné·es

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives

Sur la plage de Gravelines, lieu de départ de small boats vers l’Angleterre, des militants d’extrême droite britannique se sont ajoutés vendredi 5 décembre matin aux forces de l’ordre et observateurs associatifs. Une action de propagande dans un contexte d’intimidations de l’extrême droite. Reportage.
Par Pauline Migevant et Maxime Sirvins
Comment le RN a monté en épingle l’enfarinement de Bardella pour s’attaquer aux syndicats
Analyse 5 décembre 2025 abonné·es

Comment le RN a monté en épingle l’enfarinement de Bardella pour s’attaquer aux syndicats

Après avoir qualifié son enfarinement de « non-événement », Jordan Bardella et des députés du Rassemblement national ont été jusqu’à interpeller le ministre de l’Éducation nationale pour infamer les « syndicats d’extrême gauche » qui encourageraient « la violence politique ».
Par Pauline Migevant
« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN
Récit 5 décembre 2025

« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN

À chaque événement public où se trouve Daniel Grenon, la militante d’Extinction Rebellion brandit une pancarte rappelant que « le racisme est un délit ». Un acte pour lequel elle a été convoquée plusieurs fois au commissariat et reçu un avertissement pénal probatoire.
Par Pauline Migevant
À Rennes, l’errance des mineurs isolés, abandonnés par l’État
Reportage 5 décembre 2025 abonné·es

À Rennes, l’errance des mineurs isolés, abandonnés par l’État

Plus de 3 200 jeunes étrangers attendent en France qu’un juge reconnaisse leur minorité. Pendant des mois, ces adolescents vivent à la rue, sans école ni protection. À Rennes, des bénévoles tentent de combler les failles d’un système qui bafoue les droits fondamentaux de l’enfant.
Par Itzel Marie Diaz