Écologie : « Il faut mettre en œuvre une sobriété systémique »
L’ingénieur Philippe Bihouix souligne les impasses du techno-solutionnisme et appelle à la « démobilité », par le réaménagement du territoire.
dans l’hebdo N° 1731 Acheter ce numéro

Nous vivons sur une planète aux ressources limitées. Pourtant, les promesses d’innovations miraculeuses pour affronter, voire résoudre, la crise climatique et écologique actuelle foisonnent dans les discours politiques et les projets d’entreprise. Philippe Bihouix, spécialiste des low-tech et de l’épuisement des ressources minières, analyse finement les limites de ces technologies dites « vertes » et expose les contours d’une société obligée d’emprunter le chemin de la sobriété énergétique.
Pourquoi le techno-solutionnisme, aussi appelé techno-optimisme, est-il si présent aujourd’hui dans nos sociétés ?
Philippe Bihouix : Il est effectivement bien ancré, on peut en suivre les racines jusqu’au XVIIe siècle ! Dans La Nouvelle Atlantide, Francis Bacon « prophétise » le bonheur du genre humain par la -science appliquée dans tous les domaines : matériaux, chimie, agriculture, médecine, etc.
On rêve depuis longtemps de jouir de l’abondance matérielle, de faire travailler les machines à notre place, de repousser l’âge de la mort… Au XIXe siècle, le chimiste Marcellin Berthelot promet d’éradiquer la faim dans le monde grâce à la nourriture synthétique ; dans les années 1950, on pense que toutes les voitures vont devenir volantes grâce à l’énergie nucléaire gratuite et qu’on va aller s’installer sur la Lune…
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La confiance dans la technologie n’a jamais été aussi grande qu’aujourd’hui – même si elle se mélange à des inquiétudes dystopiques, du fait des mésusages possibles des innovations. Reconnaissons que les progrès ont effectivement été époustouflants, si l’on met de côté les dégâts environnementaux, hélas.
Et puis, miser sur les technologies pour se sortir de l’ornière environnementale dans laquelle nous sommes fourrés, cela arrange au fond tout le monde : pas de remise en cause du « niveau de vie » et de la sainte croissance – qui sera donc verte, décarbonée, propre, durable, voire « réparatrice » –, ni des opportunités de business potentiellement bien subventionné sur des créneaux en devenir, comme l’hydrogène en ce moment.
Pourquoi ne pourrait-on pas compter sur le progrès technologique cette fois-ci ?
Il ne faut pas nier qu’il y a et aura encore des innovations, pour certaines intéressantes. Mais on a toujours tendance à
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