« L’écologie est une bataille collective, systémique et anticapitaliste »
Depuis 2018, la jeune militante Léna Lazare réfléchit aux stratégies pour faire vaciller la politique néolibérale et antiécologique des macronistes. Et s’en prend aux « technosolutionnistes ». Un regard lucide et radical jamais hors sol.
dans l’hebdo N° 1742 Acheter ce numéro

Depuis quelques mois, vous êtes au cœur de la lutte contre les mégabassines dans le Marais poitevin. Pourquoi est-ce devenu une lutte emblématique ?
Léna Lazare : À l’été 2021, le collectif « Bassines non merci » est intervenu lors d’une rencontre des Soulèvements de la terre car il souhaitait que la lutte contre les mégabassines dans les Deux-Sèvres prenne de l’ampleur. La Confédération paysanne a tout de suite voulu s’impliquer dans cette campagne, et nous avons organisé une première série d’actions d’intrusion sur un chantier dès le mois de septembre.
Ces mégabassines sont des cratères en plastique de plusieurs hectares, des ouvrages qui pompent énormément d’eau dans les nappes phréatiques l’hiver pour que les exploitants agricoles qui les construisent puissent irriguer pendant l’été. Ils parlent de « réserves de substitution » et pensent que, sans ce système, l’eau de l’hiver serait « perdue ».
C’est une méconnaissance totale du cycle de l’eau et du vivant : tout milieu naturel a besoin de cette eau, notamment une zone humide comme le Marais poitevin, et c’est encore plus précieux dans un contexte de dérèglement climatique. Se battre contre les mégabassines, c’est mener un combat pour que l’eau reste un commun et pour enrayer un nouvel outil qui servira l’agro-industrie.
Pourquoi ?
Nos adversaires ont argué que c’était de l’agribashing, une lutte de militants écolo-urbains face aux agriculteurs. Or ce système de mégabassines ne sert qu’à mettre sous perfusion une agriculture intensive, antiécologique et qui assèche les sols. Ça ne profite qu’à un petit nombre d’exploitants : le projet de seize mégabassines sur le bassin de la Sèvre niortaise ne concerne que 6 % des agriculteurs.
Il y a encore très peu de mégabassines en France – contrairement à l’Espagne, par exemple – mais nous sommes dans une période d’accélération de ce genre de projets. Des protocoles publics sont discutés, dont l’un a été signé récemment dans la Vienne. Notre mot d’ordre « Pas une bassine de plus » n’a jamais changé et nous demandons un moratoire sur l’ensemble des projets. Nous le répéterons lors de la
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