« Triste Tigre » : contre la domination du violeur
Neige Sinno oppose dans Triste Tigre le mécanisme de l’inceste qu’elle a vécu dans son enfance et son adolescence à sa pensée. Une façon radicale d’inverser le rapport de domination.
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© JOEL SAGET / AFP
Est-il possible d’échapper à son violeur ? Les faits remontent aux années 1980, mais les articles de la presse quotidienne ont associé à vie son prénom à « l’objet sexuel » qu’elle a été pour son beau-père. À 46 ans, Neige Sinno sait que la trace qu’elle porte ne s’effacera pas. La figure de ce père de substitution qui l’a violée à répétition quand elle avait environ 8 ans et jusqu’à son adolescence envahit chaque ligne de sa vie. « Tout mon caractère, c’est lui qui l’a fait. Le bon et le mauvais. Le génial et le terrible. Je suis comme ci et comme ça, et tous ces ci et ça dérivent directement de l’enfance que j’ai eue. »
Avec Triste Tigre, son troisième roman, Neige Sinno tente de s’en émanciper. Et pour cela, elle a une méthode radicale : se confronter à sa logique, celle d’un violeur. L’homme, qui avait 24 ans au début des faits, est décrit comme « séduisant, vigoureux, [faisant] un métier qu’on admire, autoritaire, ne [supportant] pas qu’on s’oppose à sa volonté ». Mais, surtout, il s’invente une histoire pour se justifier. « Il disait qu’il lui avait été insoutenable d’avoir été rejeté par la petite fille que j’étais, il trouvait impossible que je ne veuille pas l’aimer et avait trouvé comme seule possibilité d’entrer en contact avec moi celle de la
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