Présidentielle : vous avez demandé le cauchemar ?

Quatre candidat·es potentiel·les et un enterrement de première classe pour la France si l’une de ces personnalités d’extrême droite accédait à la présidence. Portraits.

Sébastien Fontenelle  • 25 avril 2025 abonné·es
Présidentielle : vous avez demandé le cauchemar ?
© Franck Fife / AFP

Jordan Bardella

L’actuel président du Rassemblement national (RN) triomphe, grâce aux autorités israéliennes qui lui ont fait la grâce, en même temps qu’elles poursuivent la campagne génocidaire qui a déjà exterminé 50 000 Gazaoui·es, de l’inviter à participer à Jérusalem à un colloque sur l’antisémitisme. Car depuis que Jordan Bardella a profité du voyage qui lui était ainsi offert pour visiter le mémorial de Yad Vashem, construit en mémoire des victimes juives de la Shoah, le commentariat dominant va répétant qu’il a pour de bon « dédiabolisé » son parti.

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C’est se rendre un peu vite (mais qui s’en étonnera, dans un moment de fascisation générale ?) à une conclusion jugée heureuse puisque, dans la réalité, l’intéressé refuse toujours de dire ce que lui inspire le menu détail que son parti a été cofondé par un ancien Waffen SS et un ex-milicien – c’est-à-dire par des complices actifs des abominables crimes dont Yad Vashem entretient le souvenir. Avec Bardella, c’est cet immonde héritage qui entrerait à l’Élysée – et c’est en soi tout un programme. 

Marine Le Pen

Après avoir été condamnée le 31 mars 2025, pour détournement de fonds publics, à une peine de cinq ans d’inéligibilité dont l’exécution provisoire pourrait, conformément à la loi – et à ses propres souhaits, puisqu’elle réclamait en 2013 l’inéligibilité « à vie » pour les élu·es reconnu·es coupables de telles indélicatesses –, l’empêcher de se présenter à la prochaine élection présidentielle : Marine Le Pen va répétant que ces rudes mais justes réquisitions, qu’elle présente comme une mise à « mort politique », constituent ce qu’elle appelle sans rire « une atteinte très violente à la démocratie ».

(Photo : Adnan Farzat / NurPhoto / AFP.)

Et bien sûr, elle trouve parmi le commentariat dominant de fidèles auxiliaires qui se chargent de diffuser partout ce mensonge selon lequel l’application de la loi serait antidémocratique : on pense par exemple à l’éditocrate réactionnaire Franz-Olivier Giesbert, qui, sautant également à pieds joints sur le respect du droit et des faits, hurle dans l’hebdomadaire Le Point qu’il est honteux qu’une justice « surpolitisée » empêche Le Pen « de se présenter à la présidentielle » de 2027.

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Depuis son élection à la présidence des États-Unis d’Amérique, le néofasciste Donald Trump – qui a bien évidemment dit son plein soutien à l’intéressée – harcèle les juges qui ont l’effronterie d’aller contre ses oukases, en les présentant lui aussi, et dans une inversion tout orwellienne de la réalité, comme les fossoyeurs de la démocratie : cela nous annonce très clairement ce que serait une France présidée par Marine Le Pen – flanquée de serviles « journalistes ».

Cyril Hanouna

On a (vraiment) cherché des mots pour dire ce qu’inspire l’hypothèse – à laquelle d’aucun·es, parmi la presse et les médias mainstream, semblent trouver quelque consistance – d’une candidature de Cyril Hanouna à la présidence de la République française. Mais on n’a trouvé que ça, qui, d’une certaine manière, dit aussi ce que serait une France livrée à ce flippant bateleur : Cyril Hanouna envisagerait de se porter candidat à la chefferie de l’État français.

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Bruno Retailleau

Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur et candidat putatif de la droite dite républicaine à l’élection présidentielle de 2027, sait, sur certains sujets, se montrer fort disert : il ne reste, par exemple, jamais très longtemps sans suggérer par cent procédés qu’il goûte peu l’État de droit et moins encore l’islam – ou sans expectorer que « l’immigration n’est pas une chance » pour la France. D’autres fois, il est plus taiseux.

(Photo : Bastien Ohier / Hans Lucas / AFP.)

Le 16 février 2025, des terroristes néonazis ont attaqué à Paris une réunion antifasciste et poignardé un participant, avant de fuir aux cris de : « Paris est nazi ! » Mais Bruno Retailleau, renonçant à ses logorrhées coutumières, s’est cette fois-là tenu coi : il a fallu que la gauche parlementaire s’étonne de cette retenue pour qu’il se décide à réagir – en fustigeant « l’ultragauche ».

Un mois plus tard, le 26 mars, il participait, flanqué de Manuel Valls, à un meeting islamophobe où une intervenante a très calmement exhorté « la communauté juive, chrétienne, à s’unir contre l’islamisme » et à « s’entraîner à s’armer physiquement ». Oyant cela, qui ressemblait d’assez près à un appel à constituer des groupes armés, le ministre, derechef, s’est tu.

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Mais après la condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d’inéligibilité, conformément au droit, il a dans l’instant retrouvé toute sa voix pour fustiger « les juges rouges ». Pour bien imaginer ce que serait une présidence Retailleau : écouter attentivement ses imprécations monodirectionnelles – mais prêter aussi l’oreille à ses silences, en se demandant s’ils ne sont pas des consentements.

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