Les enfants de troupe de Jénine

Le Théâtre de la liberté entame prochainement une tournée en France. L’occasion de revenir sur un projet singulier.

Alain Lormon  • 2 avril 2009
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Les enfants de troupe de Jénine

Au début de cette histoire, que nous avons déjà évoquée dans ce journal (voir Politis n° 956), il y a une personnalité exceptionnelle : Arna Mer. Si le Théâtre de la liberté (Freedom Theatre) a été créé en 2006, c’est pour prolonger l’œuvre de cette femme, née en 1929, dans la Palestine sous mandat britannique, emportée par un cancer en 1995. Arna Mer s’est investie dès 1948 dans le combat en faveur de l’égalité des droits et, bien sûr, pour les droits des Palestiniens.

Illustration - Les enfants de troupe de Jénine

« Le but est aussi de donner confiance à ces jeunes et de libérer leur créativité. » DR

C’est en 1988, alors que la plupart des écoles sont fermées pour cause de répression de l’Intifada, qu’elle fonde l’organisation Care and Learning (« Prendre soin et apprendre »). Alors que les femmes palestiniennes mettent en place des programmes d’éducation à domicile, Care and Learning envoie des volontaires à Jénine « armés de papier et de crayons » . L’idée est d’aider les enfants à se libérer de la violence de l’occupation israélienne par la créativité. L’année suivante, Arna crée un centre d’éducation dans le camp de Jénine. En 1993, elle réinvestit le montant de son prix Nobel alternatif de la Paix dans la construction d’une école de théâtre pour les enfants palestiniens. Son aventure est relatée dans le film les Enfants d’Arna, réalisé en 2004 par son fils, Juliano Mer Khamis. Deux ans auparavant, l’école avait été détruite par les chars israéliens.

Mais le projet prend un nouvel essor lorsqu’en 2006 Juliano fonde le Freedom Theatre, véritable ballon d’oxygène pour les jeunes du camp de Jénine, qui constituent la moitié d’une population de 18 000 réfugiés.
Le théâtre comporte divers ateliers (pratique thérapeutique, photo, montage multimédia). Il vient de signer un partenariat avec l’Université arabe américaine de Jénine. En trois ans, de multiples activités culturelles sont venues enrichir le centre, comme récemment une école du cirque. En France, le Freedom Theatre est soutenu notamment par l’association des Amis du Théâtre de la liberté de Jénine, que préside Jean-Guy Greilsamer, ­membre de l’Union juive française pour la paix.

Celui-ci prépare activement la prochaine tournée, qui débute le 20 avril à Toulouse. « Le défi, c’est la qualité , insiste Jean-Guy Greilsamer, l ’exigence artistique est omniprésente, mais le but est aussi de donner confiance à ces jeunes et de libérer leur créativité. » Pour Jean-Guy Greilsamer, il s’agit surtout d’apporter aux jeunes Palestiniens « une forme d’aide concrète en dehors des grandes questions politiques ».
Aller assister aux représentations du Freedom Theatre, c’est donc la garantie d’une soirée de qualité et un acte politique au meilleur sens du mot.

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