Prêter son ordinateur à la science

Jérémie Sieffert  • 15 septembre 2011 abonné·es

  • Que faire ?

Prêter son ordinateur à la science Par Jérémie Sieffert
Vous donnez de l’argent à une ONG ? Du temps à une association ? Pourquoi pas de la puissance de calcul à un projet scientifique ? Les capacités de votre ordinateur, très souvent sous-utilisées, peuvent permettre à des équipes scientifiques disposant de peu de moyens (en général des universités ou des ONG) de mener des études complexes grâce à la puissance accumulée d’ordinateurs personnels partout dans le monde. L’université de Berkeley a développé un petit logiciel libre, BOINC, qui alloue une partie de la puissance de calcul de votre PC ou Mac à une série de projets scientifiques.


Pour contribuer, il suffit de télécharger BOINC. Une fois installé, celui-ci propose de choisir parmi une liste de projets celui auquel vous souhaitez « prêter » votre ordinateur. Les projets, une quarantaine tout au plus, sont listés par nom de code. On recommande Climate Prediction (climateprediction.net), qui vise à modéliser l’évolution du climat, ou LHC@home, qui décrypte les résultats de l’accélérateur de particules du Cern (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), mais libre à chacun de suivre son nez. Les domaines vont des mathématiques à la physique, en passant par la recherche biomédicale.

Pourquoi ?


D’un côté, les ordinateurs fixes et portables récents sont tous capables de gérer des traitements complexes. Mais, à part certains professionnels et accros aux jeux vidéo, le commun des utilisateurs se limite à la navigation Internet et à la bureautique. Que de puissance et d’électricité gaspillées ! De l’autre, des dizaines de recherches scientifiques pourtant dignes d’intérêt n’ont pas les moyens de s’offrir les équipements nécessaires. Cette mise en réseau donne des résultats : « C’est tout sauf un gadget, affirme François Grey, spécialiste de l’informatique distribuée au Cern. Les puissances disponibles ont dépassé celles des superordinateurs existants, c’est beaucoup moins cher, et pas de sélection des projets en fonction de critères scientifiques ou économiques. BOINC est un logiciel libre, n’importe quel labo peut l’utiliser. L’enjeu est maintenant d’étendre cet outil aux pays en développement. » 


Pour l’utilisateur, l’usage est transparent, son travail étant toujours prioritaire sur les calculs de BOINC. Il exploite le potentiel de sa machine en contribuant à des recherches utiles (la plupart des résultats sont versés au domaine public). Et BOINC fonctionne aussi comme un réseau social, où l’on est tenu au courant de l’avancée des projets. Le projet Clean Energy Grid vient, par exemple, de publier un article dans Nature sur les cellules photovoltaïques, et le projet Climate Prediction vous permet de visualiser les modèles climatiques qui tournent sur votre ordi. Un bon moyen enfin d’impliquer les citoyens dans la recherche scientifique.



Comment ?

Pour télécharger BOINC (Mac, Windows ou Linux) et s’informer sur les projets : se rendre sur la page boinc.berkeley.edu ou sur boinc-af.org, le portail des utilisateurs francophones.

Le geste utile
Temps de lecture : 3 minutes