« Comme l’oiseau sur la branche »

Au Vigan, dans les Cévennes, une famille rom est installée depuis plus de vingt ans.

Ingrid Merckx  • 2 mai 2013 abonné·es

« Ils sont là depuis le siècle dernier ! », plaisante Maïthé en évoquant les De Colombi. Roms ou gitans ?, hésite-t-on dans le village. « Roms de Roumanie ! », affirme Maïthé, qui décrit une grande famille vivant dans six ou sept caravanes stationnées au Vigan (Gard) depuis 1992. « Les enfants vont à l’école, le patriarche est rémouleur. Certains sont ferrailleurs, l’un est forain… Des parents leur rendent visite l’été. » Tous parlent français, mais, si l’on pose la question de leur intégration, Maïthé soupire : « Il y a encore des gens qui disent : “Si la rivière déborde, qu’elle les emporte !”  »

Les De Colombi sont installés depuis quelque temps au bord de l’Arre. Ramassage de déchets, installation de sanitaires : le nécessaire a été fait, mais la zone est inondable, comme une bonne part de cette cité au pied de l’Aigoual. L’association qui les soutient fait donc tout son possible pour trouver un autre terrain : « Nous étions une quinzaine à la sous-préfecture !, fait valoir Maïthé, soulignant le pourcentage de mobilisés sur une population de 4 500 habitants. La sous-préfète s’est montrée à l’écoute, mais difficile de trouver un terrain plat par ici. Le précédent sur lequel ils vivaient posait problème car ils étaient dos à une paroi rocheuse qui renvoyait une chaleur incroyable. J’étais allée les voir au printemps et, déjà, les enfants jouaient dans du goudron fondu. Au bord de l’Arre, ils se trouvent bien, mais la rivière a parfois des sursauts. Ça ne les inquiète pas : ils ont mis des repères et surveillent la couleur de l’eau. Mais la mairie peut les expulser à tout moment. L’avenir n’est pas clair. Ils sont comme l’oiseau sur la branche. »

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