Alerte à la radioactivité: la forêt brûle à Tchernobyl

Claude-Marie Vadrot  • 29 avril 2015 abonné·es
Alerte à la radioactivité: la forêt brûle à Tchernobyl
Image aérienne de la forêt en feu, à proximité de la centrale de Tchernobyl, prise par le service de presse du Premier ministre ukrainien, le 28 avril 2015.
© AFP PHOTO / UKRAINIAN PRIME MINISTER PRESS-SERVICE / ANDREW KRAVCHENKO

Un grand incendie fait rage depuis deux jours dans la zone interdite autour de la centrale de Tchernobyl. Malgré la présence sur place de 350 pompiers ukrainiens et de trois avions bombardiers d’eau, des centaines d’hectares ont déjà été la proie des flammes. Les autorités expliquent qu’il n’existe aucun risque de radioactivité puisque le foyer se trouve à une dizaine de kilomètres des réacteurs à l’arrêt et de celui qui a explosé il y a vingt-neuf ans.

Certes la centrale accidentée et les réacteurs à l’arrêt ne sont pas le moins du monde menacée , mais la végétation et les sols et sous-sol tourbeux en train de bruler sont toujours chargés d’éléments pollués par l’accident de 1986. Avec la chaleur et les flammes, la radioactivité rémanente, celle qui justifie l’interdiction de se rendre dans cette zone, est en train de se disperser dans les airs et rejoint peu à peu les nuages qui survolent actuellement la région. Et le vent de 23 km/h qui souffle du Nord-est risque de disperser cette pollution vers une partie de l’Ukraine puis vers des pays d’Europe. La France ne sera pas épargnée, même si les spécialistes affirment que la teneur en radioactivité n’atteindra pas un niveau alarmants. D’ailleurs, si la situation était aussi « normale et sous contrôle » que l’affirment les autorités du pays, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, n’aurait pas pris la pris le peine de se rendre mercredi sur place pour tenter d’évaluer les risques et les dégâts à venir en compagnie des spécialistes du ministère des Situations d’Urgence.

Ce sinistre en cours qui peut entrainer une nouvelle et grave pollution. Il permet de rappeler que le nouveau sarcophage construit par le consortium qui regroupe les Ukrainiens et les entreprises Bouygues et Vinci et dont l’achèvement était prévu pour cette année, a été reporté, au mieux, à la fin de 2017. Les constructeurs ayant découvert un peu tard que le sol et le sous sol sur lequel ils travaillent à quelques centaines de mètres de l’ancien sarcophage de plus en plus fissuré et laissant en permanence s’échapper du réacteur accidenté des éléments radioactifs montant encore du coeur fondu, étaient fortement contaminés. Situation qui entretient la pollution radioactive dans la région. Et plus loin quand les vents soufflent. Il est d’ailleurs à craindre que le personnel qui participe à cette construction et qui vit dans ce qui reste de la petite cité de Tchernobyl soit affecté par la nouvelle pollution. Tout comme ils se sont déjà souvent par les émanations permanentes qui se dégagent des millions de tonnes de terres remués par les travaux. Au point qu’ils ne restent sur place que quinze jours avant de partir « se mettre au vert » pendant deux semaines avant de reprendre le travail.

Quant aux pompiers qui combattent le feu sans équipements de protection, ils sont également menacés par les tourbillons de poussières et de cendres pollués qui se dégagent depuis deux jours de l’incendie.

Incendie maitrisé mais..

Dimanche 3 mai , l’incendie semble maitrisé: ce qui signifie qu’il ne s’étend plus. Mais des fumées épaisses’échappent toujours des centaines d’hectares brulées. Il ne pleut pas, aucune pluie n’est prévue dans les prochains jours et le vent souffle désormais à 30/40 km/h, toujours essentiellement de l’Est ou du Nord Est. Aucune information n’a été fournie aux habitants de Kiev et de la région sur l’importance des rejets de poussières et cendres radioactives. Aucune information n’a été transmise aux autres gouvernements.

Écologie Monde
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