Qui gère la com’ de Nuit debout ?

Un débat parfois houleux entoure la gestion des comptes Twitter et Facebook de Nuit debout. En jeu, deux visions du mouvement, de la gauche et de la démocratie.

Erwan Manac'h  et  Chloé Dubois (collectif Focus)  • 20 avril 2016 abonné·es
Qui gère la com’ de Nuit debout ?

Nuit debout a sa télé, sa radio et tous les outils «d’auto-média» pour servir de contre-communication à une couverture médiatique parfois viciée. Des outils gérés collectivement, «avec un trésor d’organisation et d’énergie, dans une relation franche et sans suspicion», s’émerveille un membre actif de l’organisation.

Le mouvement vit en revanche un débat houleux sur la gestion de sa communication sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter{: target="blank" }), outils ô combien stratégiques.

Une communication « de bisounours » ?

«Bientôt, on aura des photos de fleurs sur Twitter !» ironise Iwan, l’un des initiateurs du mouvement. Vendredi 15 avril, c’est lui qui est intervenu en assemblée pour poser publiquement la question de l’animation de ces outils, qui ont atteint une audience non négligeable (36.000 suiveurs sur Twitter et 109.000 sur Facebook). «Il y a des messages de bisounours tous les jours», déplore le militant. Rejoint après son intervention par une poignée de manifestants venus lui témoigner leur soutien, il précise :

Il y a plein de trucs qui sont dits lors des prises de paroles, mais qu’on ne retrouve pas sur les réseaux sociaux.

«Un soir, je recevais des informations sur mon téléphone faisant état d’une manifestation réprimée, dans Paris, ajoute une quadra, agacée. J’ai voulu vérifier sur Twitter, mais je n’ai trouvé que des “punchlines“ sur François Hollande, avec le hashtag #MoiDebout.»

Le «média center» assume : il s’agit d’un choix délibéré. Peu relayés, les affrontements entre les manifestants et la police ne font pas partie de la stratégie de communication de ce petit groupe qui gère le contenu de tous les messages diffusés sur les réseaux sociaux depuis le 31 mars.

«Ce qu’on écrit sur Twitter et Facebook influe sur ce qui se passe sur la place. En parlant de la police, tu crées de la panique. C’est ce qui s’est passé en 2011 avec le mouvement des indignés», raconte «Tom» un militant déjà engagé à l’époque, qui préfère rester anonyme.

Notamment inspiré des méthodes mises en place par les indignés espagnols, le «média center» conçoit les réseaux sociaux comme une vitrine. « Nous voulions construire une trame narrative positive du mouvement et parler de ce qui se passe sur les places publiques, pas des violences qui se déroulent dans les rues adjacentes. Nous voulions donner de la matière aux médias, en dehors des dépêches AFP ou des images de BFM TV», assure Baki Youssoufou, un des membres actifs du «média center». «Ça marche et c’est ce qui a permis de développer Nuit debout», fait valoir Tom.

La question est éminemment politique. Elle met en lumière deux visions du mouvement, qui cohabitent depuis les premières heures et qui travaillent la gauche au corps depuis des années. D’un côté, les partisans d’un mouvement «citoyen» très horizontal, une «démocratie réelle» qui donne la parole à tout le monde. De

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