Les multiples vies d’Attac
L’association, qui fête ses 20 ans, et le mouvement altermondialiste dans son ensemble se sont progressivement convertis à l’action directe non-violente et à la désobéissance civique.
dans l’hebdo N° 1505 Acheter ce numéro

C’est l’effervescence au siège d’Attac. Ça découpe, peint, visse, dessine, agrafe, au milieu de l’impasse Villa-du-Moulin-Dagobert, dans le XIe arrondissement de Paris, où se tient un atelier de préparation de la Marée populaire. Pots de peinture, banderoles et pinceaux côtoient ordinateurs, livres et paperasse. « C’est un peu tout le temps le bordel, mais là, c’est particulier », reconnaît Alexis Chaussalet, salarié en charge de la communication. En plus d’organiser la manifestation du 26 mai, réunissant des dizaines de syndicats, partis et associations, et de construire deux chars pour le cortège parisien, l’association doit préparer l’événement de ses 20 ans, prévu le 2 juin à Paris, son université d’été et un rendez-vous européen, le 15 septembre, date anniversaire de la faillite de Lehman Brothers et de l’éclatement de la crise financière.
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Dans un environnement politique morose, avec une gauche éclatée façon puzzle, Attac cultive ce bouillonnement permanent. Suivant la ligne de conduite imaginée depuis sa création : un pied dans l’expertise économique, l’autre dans l’action, et une position centrale au carrefour des gauches qui lui permet une recherche constante de convergences. « Nous avons toujours considéré que nous marchions sur deux jambes : l’action citoyenne et l’élaboration d’un contre-discours au “there is no alternative” [il n’y a pas d’alternative] à travers notre conseil scientifique », expose Dominique Plihon, économiste, porte-parole d’Attac et chroniqueur régulier à Politis._
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Depuis 2015, l’association a néanmoins pris un virage majeur, en choisissant l’action directe non-violente et la désobéissance civique. Ses militants soignent la mise en scène de leurs actions, surgissent déguisés dans des agences bancaires, lancent des ultimatums aux grandes banques systémiques et utilisent les tribunaux comme autant de tribunes. Parmi ses coups d’éclat récents, Attac a été poursuivie en février par Apple, qui tentait de mettre fin aux manifestations devant et dans les boutiques de la marque à la pomme. Un non-lieu a été prononcé et le juge des référés a reconnu la légitimité d’Attac à agir ainsi, pour l’intérêt général.
« Je préfère ça aux ciné-débats