Aphorismes et périls

Mendelson signe un quatrième album, intense et profond.

Jacques Vincent  • 17 janvier 2008 abonné·es

Comme beaucoup d’autres, le groupe Mendelson n’a plus de maison de disques. Cela ne l’empêche pas d’en faire. En revanche, il n’a malheureusement jamais atteint un statut lui permettant de transformer cet état de fait en base d’un efficace plan marketing. Son nouveau disque, Personne ne le fera pour nous , n’est pas non plus téléchargeable en ligne, mais il faut aller sur son site Internet (http://mendelson.free.fr) pour le commander. Là s’arrête l’allégeance aux nouvelles technologies.

La première bonne nouvelle est donc que le groupe existe encore. La seconde, pour ceux qui l’apprécient, est que le nouvel album est double. Et c’est peu dire, encore une fois, que personne ne l’aurait fait pour eux, peu dire que les chansons de Mendelson ne ressemblent à aucune autre.

Au centre : la voix et les mots de Pascal Bouaziz. Ses avalanches de mots plus dits que chantés, cette bousculade verbale, ses histoires de vies en péril qu’on prend en pleine figure, ses faits divers glauques, toujours racontés à la première personne. Et son engagement entier dans l’interprétation qui, dans cette insistance à regarder l’auditeur dans les yeux d’une façon tellement intense, presque dérangeante, tient plus du comédien que du chanteur, comme s’il s’agissait d’une suite de pièces dans lesquelles il tiendrait tous les rôles.

À la première écoute, c’est ce qui retient toute l’attention et prend toute la place. Il en reste une certaine perturbation et quelques aphorismes : « On peut fermer les yeux mais le monde est toujours là » , « À vivre trop longtemps dans sa tête, on perd le sens commun » … Il faut du temps pour accéder réellement à l’autre élément du décor que constitue la musique, élément qui prend le contre-pied du caractère naturaliste des textes en jouant d’une abstraction qui agit comme une lame grattant l’image d’un film jusqu’à lui donner une dimension expérimentale sans lui enlever son caractère émotionnel : ni la douleur, ni le drame, ni l’innocence.

Culture
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