« Au boulot les socialos ! »

Créer un solide projet socialiste pour enrayer les effets néfastes du libéralisme : tel est l’objectif du nouveau livre de Pierre Larrouturou*.

Sophie Cucheval  • 4 janvier 2008 abonné·es

Pour se faire une place parmi la foultitude d’ouvrages sur les guéguerres internes du parti socialiste et son échec à la présidentielle, il fallait frapper fort. C’est ce que fait Pierre Larrouturou avec son dernier ouvrage, le Livre noir du libéralisme . Sous des allures de pamphlet, l’auteur dit ses craintes au sujet d’un système économique mondial, qui, non content de créer des inégalités et d’augmenter la précarité, menace tout bonnement de s’effondrer. Arguments chiffrés et exemples à l’appui, la démonstration met en lumière les dangers du libéralisme et ses effets destructeurs. « Dire la vérité » est l’objectif de la première partie du livre. La vérité sur le libéralisme mais également sur les slogans martelés par Nicolas Sarkozy et son Premier ministre pendant la campagne électorale : « Ces mensonges concernent autant le bilan de l’UMP, au pouvoir depuis cinq ans, que le contenu du projet de Nicolas Sarkozy et la viabilité de ses modèles » , en tête desquels les États-Unis, où précarité, chômage, inégalités et endettement explosent. Le constat est là, irréfutable : le libéralisme est incapable de nous sortir de la crise puisqu’il la porte en elle ; les points de croissance tant recherchés par le Président n’y changeront rien. « C’est une erreur fondamentale de croire encore que la solution viendra de la croissance. Il faut inverser la proposition : c’est en s’attaquant radicalement au chômage et à la précarité que l’on pourra retrouver une croissance plus saine. »

Après ce regard bien sombre sur le système économique mondial, Pierre Larrouturou se fait porteur d’une bonne nouvelle : « Il y a une alternative à la hauteur des enjeux. Une alternative qui ne demande qu’à naître. » Il fait allusion à un « nouveau pacte social » négocié entre patrons et salariés, sous l’œil bienveillant de l’État, qui doit être signé en France et qui suivrait le modèle hollandais augmenté des questions sociales indispensables. Cinq points clés y seraient approfondis : financer la création d’emplois, améliorer la formation, lutter contre la précarité, partager le pouvoir dans l’entreprise et réorganiser le travail en passant à 32 heures hebdomadaires – ou à la « semaine à 4 jours » . Seul problème : c’est à l’opposition que revient la tâche de diriger ces chantiers. Or, l’incapacité à établir un programme économique et social européen, commun et fort, gangrène le PS. Pour comprendre les raisons d’un tel fiasco, le lecteur assiste, l’espace de quelques pages, à des réunions au siège du Parti.

Entre manque de travail, ambitions personnelles et volonté de sabotage, le PS a préparé sa défaite, tout seul, comme un grand. Pour ne pas y assister en spectateur complice, reste à reconstruire, sur de nouvelles bases, un projet socialiste capable d’enrayer la crise du libéralisme. Suivent vingt propositions économiques, politiques et sociales : « Un impôt européen sur les bénéfices, une simplification du code du travail, une sécurité plus grande pour les salariés au chômage selon le modèle danois, ou encore une école des parents » , afin que l’économie place de nouveau l’individu au cœur de son fonctionnement, et non plus seulement le capital et le profit.
Pierre Larrouturou n’est pas homme à baisser les bras. Ce Livre noir du libéralisme pourrait constituer un bel instrument de réflexion pour les socialistes, qui en manque.

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