Petites mauvaises nouvelles

Christine Tréguier  • 17 janvier 2008 abonné·es

Passé la trêve des confiseurs, j’ai bien tenté de trouver un sujet un peu « positif » pour démarrer l’année. Sans grand succès. N’émerge que la litanie des chiffres témoignant de l’aliénation générale aux prothèses communicantes : « 50 millions de SMS échangés entre minuit et une heure le 1er janvier » , « 70 000 iPhones vendus en un mois » , etc. Et la gloire tout éphémère de ce prétendu « Président monde » de Facebook, un Français adoubé par le vote de quelques milliers de gogos et par des médias qui ont gobé son histoire. Heureusement, une journaliste de ZDNet a enquêté auprès de Facebook et dévoilé l’arnaque. Restent ces petites mauvaises nouvelles qui ne font que confirmer que, côté vie privée et libertés individuelles, ça ne s’arrange pas. En voici quelques-unes, glanées en ces premiers jours de janvier sur l’excellente liste Libertés et Internet.

Dans la série « nos services sont gratuits, mais c’est nous qui décidons pour vous », Google impose aux utilisateurs de Google Reader de partager la liste de leurs sites favoris avec tous leurs contacts Google Talk (équivalent Google de la messagerie MSN). Et tant pis s’ils ne sont pas d’accord.

En Angleterre, ce sont les données personnelles des administrés qui se baladent dans la nature. En deux mois, l’État aura réussi à égarer deux disques contenant les données de 25 millions de contribuables, un autre avec les dossiers de 3 millions de candidats au permis de conduire, et des centaines de milliers de dossiers de patients archivés sur CD. Un comble pour un pays passé maître dans l’art de la surveillance. Et qui, soit dit en passant, vient d’améliorer ses radars pour qu’ils puissent traquer les dernières infractions au code routier : téléphoner au volant, mais aussi manger et fumer.

Aux États-Unis, où les données biométriques se ramassent à la pelle, le FBI a annoncé son intention d’investir un milliard de dollars dans la plus énorme base de données du genre. A priori , elle ne devrait recenser que les terroristes et les criminels, mais rien ne garantit qu’à terme elle n’inclura pas les empreintes et les photos que chaque visiteur étranger doit laisser pour entrer au pays de l’Oncle Sam.

a France n’est pas en reste. Répondant à une demande du parquet de Quimper, Orange a transmis les relevés téléphoniques d’un de ses abonnés, Hervé Charbonnière. Le hic, c’est qu’Hervé Charbonnière, journaliste au Télégramme de Brest , auteur d’articles sur un meurtre dans le « milieu » nantais, avait refusé de donner ses sources à la police. Des sources protégées par l’article 109 du code de procédure pénale. Sauf quand la police et un opérateur de téléphonie décident de passer outre, considérant sans doute que la liberté de la presse est comme toutes les autres : elle doit être asservie aux impératifs de la sécurité.

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